Downsizing
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Pays:
Américain
Année:
10 janvier 2018
Thème (s):
Décision, Homme-Femme, Nature, Surpopulation
Durée:
2 heures 16 minutes
Directeur:
Alexander Payne
Acteurs:
Matt Damon, Kristen Wiig, Christoph Waltz, Hong Chau
Age minimum:
tout public

Downsizing, drame de science-fiction américain d’Alexander Payne, 2018. Avec Matt Damon, Kristen Wiig, Christoph Waltz, Hong Chau.

Thèmes

Homme-femme, nature, décision, surpopulation.

Ce film trop long sur le trop petit souffre du même dysfonctionnement que l’humanité en général et que ses héros en particulier : l’indécision

 

De fait, le scénariste n’a pas su choisir entre la comédie bouffonne que sont sensés être le début et le drame, voire la tragédie que veut devenir le film après l’abandon d’Audrey ; entre la science-fiction à budget confortable et la critique sociale, voire le film métaphysique sur la réduction physique.

Downsizing porte lui-même sur l’indécision tragique d’une humanité qui, bien que bénéficiant d’une découverte révolutionnaire, n’a pas su choisir entre son plaisir et son salut, entre l’assurance du contentement bien immédiat et la certitude du bonheur durable, entre le bien propre et le bien commun.

Cette suspension du jugement se rejoue de manière fractale dans les deux options autour desquelles le film vrille : celle, initiale, d’entrer dans ce monde miniaturisé ; celle, finale, de suivre, la communauté arche de Noé qui, peut-être, survivra à l’humanité grandeur nature. Si l’importance d’une action se mesure à son irréversibilité, alors ces deux actes doivent être comptés par les plus décisifs, donc les plus libres qui soient. Or, de manière inexplicable autant qu’inexpliquée, Audrey qui était la plus attirée par ce changement de vie change du tout au tout à l’ultime moment ; de même, Paul qui avait opté pour un abandon héroïque se retourne lui aussi subitement sans que nous soient non plus partagées les raisons de son illumination.

La résolution se réduirait-elle à une impulsion ? Où est passée l’importante règle ignatienne selon laquelle, en désolation, on ne change pas de décision ? Pour le coup, l’éthique devenue étique est, plus encore que les corps, touchée par le downsizing…

 

La déception est d’autant plus grande que l’intuition était aussi riche qu’inédite. Il eût été tellement passionnant de décliner cette idée non pas seulement ni même d’abord au plan économique (qui est surtout exploité), mais surtout au plan ontologique et phénoménologique.

L’homme peut-il véritablement être réduit quantitativement ? Je réponds résolument et définitivement : non. La place de l’homme dans la nature est fixée en équilibre entre macrocosme et microcosme. Mésocosmique, la personne humaine est autant synthèse que médiation. De ce point de vue, la comparaison de l’invention du downsizing avec la conquête spatiale est trompeuse : l’impossibilité de se libérer de l’attraction terrestre n’est que relative (à la puissance de l’énergie mise en œuvre), alors que l’impossibilité de se libérer de la contrainte de la taille est, selon moi, absolue. Il serait long de le montrer en détail. Limitons-nous à deux faits : inséré dans un corps de 12 cm., notre cerveau aurait moins de neurones qu’une souris, ce qui modifierait du tout au tout nos performances mentales ; toujours à la même taille, les relations surface-poids rendraient nos cuisses maigres comme les pattes d’un insecte, ce qui changerait considérablement les critères esthétiques…

Par ailleurs, le film n’a pas assez exploré la mutation phénoménologique inouïe qu’impliquerait le changement dimensionnel. Par exemple, que deviendrait l’homme dans un environnement sans insectes ni oiseaux ? Comparativement, le film boursouflé de (et avec) Kevin Costner, Waterworld (1995), avait du moins le mérite de scruter ce que deviendrait l’humanité si la Terre n’était plus qu’un océan.

 

Indécis et dispersé, le film d’Alexander Payne trahit le principal intérêt de la science-fiction, genre passionnant mais exigeant qui demande qu’on en respecte la logique principale : l’anticipation. Autrement dit, explorer les possibles, rendre visible, voire vivable, ce qui, au moins aujourd’hui, ne l’est pas. Tel est l’intérêt de la conjecture et telle est, plus encore, la grandeur de notre imagination.

Pascal Ide

Matt Damon incarne, dans un futur surpeuplé, un américain de la classe moyenne qui réduit sa taille pour augmenter son niveau de vie.

Dans un futur proche, des scientifiques mettent au point un processus pour lutter contre la surpopulation : le downsizing qui permet de réduire – irréversiblement – les humains à une taille de 12 cm. En fait, chacun réalise qu’intégrer une cité lilliputienne est surtout une bonne occasion d’augmenter de façon considérable son niveau de vie (la rivière de diamants coûte 83 dollars, et la résidence de rêve à 12 millions de dollars presque 100 fois moins). Cette promesse d’un avenir meilleur décide Paul Safranek (Matt Damon) et sa femme Audrey (Kristen Wiig) à lâcher le stress de leur quotidien à Omaha, dans le Nebraska, quitter la maison familiale où ils vivent encore, ployant sous les dettes, pour se lancer dans cette aventure et se faire « downsizer ».

Mais que va-t-il devenir lorsqu’Audrey l’abandonne au dernier moment ? La rencontre d’un noceur et nouveau riche, Dušan Mirković (Christoph Waltz), qui s’avère être une sympathique canaille venue de la péninsule balkanique, faisant du trafic d’import-export avec le monde normal suffira-t-elle à redonner du sens à sa vie physiquement et psychiquement amputée de Paul ? À moins que ce ne soit son attrait pour une femme de ménage vietnamienne amputée, Ngoc Lan Tran (Hong Chau), qui se révèle être une passionaria pro-environnementaliste passablement caractérielle, miniaturisée de force par le gouvernement de son pays ? Et si, pour une fois, ce nice dead man vaguement lâche était conduit à l’héroïsme ?

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