Ça : Chapitre 2
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Pays:
Américain
Thème (s):
Horreur
Date de sortie:
11 septembre 2019
Durée:
2 heures 50 minutes
Évaluation:
*
Directeur:
Andrés Muschietti
Acteurs:
Bill Skarsgård, James McAvoy, James McAvoy
Age minimum:
Adultes

Ça : Chapitre 2 (It: Chapter Two), film d’horreur américain d’Andrés Muschietti, 2019. Adapté de la deuxième partie du roman éponyme de Stephen King, 1986 et faisant suite au film du même réalisateur : Ça, 2017, recensé sur ce site. Avec Bill Skarsgård, James McAvoy, James McAvoy.

Thèmes

Horreur.

Horripilant et horrifiant chapitre 2 ! Dans le premier chapitre, tout ou presque a été révélé. Ici tout est trop montré.

Tout a déjà été dit de ce monstre qui incarne l’Idée platonicienne du mal, de sa cause (ce qu’on découvrira être un lilliputien se nourrit, physiquement, de l’autre et d’abord, psychiquement, de la peur de l’autre) ou plutôt de ses causes (s’ajoute la culpabilité de la victime) et du remède, lui aussi autant extérieur qu’intérieur (s’unir dans le lieu d’origine au lieu de fuir psychiquement dans l’amnésie et géographiquement loin de Derry et, une fois sur place, demeurer solidaires, au lieu de se diviser).

Conséquence inéluctable : selon la loi souvent illustrée dans ces lignes, moins il y a d’intrigue, plus il y a de spectaculaire. Autrement dit, exténuer le suspense, c’est se contraindre à doper la surprise et multiplier les scènes d’épouvante grâce à l’usus jusqu’à l’abusus de la bande son. C’est ainsi que nous aurons droit à une (dé)multiplication proportionnelle au nombre des Ratés, de scènes dont la répétition est presque aussi cauchemardesque que le contenu.

Et ici nous rejoignons la deuxième caractéristique : tout est montré usque ad nauseam. L’on doit à King lui-même la tripartition des films d’horreur en fonction des niveaux d’émotions qu’il vise à provoquer : la terreur, où tout est suggéré et laissé au travail de l’imagination ; l’horreur proprement dite, qui entraîne une réaction viscérale teintée de peur en présentant quelque chose de monstrueux ou d’anormal ; la révulsion, qui a pour but de provoquer un choc en suscitant le dégoût [1]. Malheureusement, le film a abandonné les deux premiers niveaux pour se rapprocher dangereusement et facilement du troisième.

Sans parler du sacrifice à l’idéal du jour, depuis le début où l’homophobie est présentée comme le crime par excellence, jusqu’au terme où l’on découvre que le sacrifice d’une des deux personnes homosexuelles (Don) est la rédemption par excellence.

 

Demeurent quelques trouvailles qui respectent la plus grande sobriété et le « génie » de l’œuvre – celui que soulignait notre commentaire du prime opus : le mauvais esprit, la tentation et le combat pour en sortir. Je retiens la scène où Vicky est, certes, efficacement et effroyablement manipulée par le croquemitaine Grippe-Sou qui, tour à tour, paraît compatir pour pouvoir découvrir sa faille (être moquée et rejetée par ses camarades de classe à cause de sa tâche de naissance), lui ment sur son pouvoir de faire disparaître ces malformations, jusqu’à se victimiser (lui aussi est rejeté à cause de sa face clownesque-grotesque) avant de la dévorer (quelle métaphore réaliste de la personnalité narcissique !). Mais surtout, elle est tentée par sa fautive désobéissance, redoublant le désintérêt égocentré de la mère.

Reste d’abord l’hommage rendu à ce qui fut à l’époque salué comme deux traits de génie et toujours copié depuis. Du point de vue diagnostique : le mal n’est jamais tant exogène qu’endogène puisqu’il emprunte sa consistance et sa puissance à nos peurs (faut-il rappeler que, peut-être le premier, Tolkien l’avait mis en scène dans le combat de Grand-Pas contre les Nazguls à la Tour Sombre ?). Du point de vue thérapeutique : il est astucieusement symbolisé par un double jeu de mots : le perdant (loser que traduit imparfaitement « raté ») n’a plus rien à « perdre » et voilà pourquoi il peut tout gagner ; il ne peut vaincre le mal dia-bolique qu’en transformant le loser ou plutôt son cœur (centre) par le V triomphant du lover sym-bolisant. Analogiquement – lointainement, mais réellement – entendues, kénosis (videment de soi) et périchorésis (communion dynamique) ne sont-ils pas les deux facettes de l’amour-don ?

Pascal Ide

[1] Stephen King, Anatomie de l’horreur, trad. Jean-Daniel Brèque, Monaco, Le Rocher, 1981, p. 29-34.

En 2016, à Derry dans le Maine, deux homosexuels, Adrian Mellon (Xavier Dollan) et Don Hagarty (Taylor Frey), sont attaqués et tabassés par un groupe de jeunes homophobes. Finalement jeté du haut d’un pont, Adrian est « sauvé » et tué par « Ça » sous les yeux impuissants de Don. Une petite fille de sept ans, Victoria « Vicky » (Kiera Armstrong), qui est affligée d’une tache de naissance sur la joue droite, assiste à un match de baseball avec sa mère. S’ennuyant, elle suit une luciole, quitte sa mère, arrive à un endroit sombre où l’accueillent les mains puis le visage de « Ça ». Celui-ci la manipule et finit par la dévorer.

Michael « Mike » Hanlon (Isaiah Mustafa) apprend l’accident du pont via une radio de la police et se rend sur la scène de crime où il comprend que « Ça » est de retour. Il décide de faire appel aux autres membres du Club des Ratés – William « Bill » Denbrough (James McAvoy), Beverly « Bev » Marsh (Jessica Chastain), Richard « Richie » Tozier (Bill Hader), Edward « Eddie » Kaspbrak (James Ransone), Stanley « Stan » Uris (Andy Bean), Benjamin « Ben » Hanscom (Jay Ryan) – afin qu’ils reviennent à Derry et qu’ils respectent la promesse faite 27 ans auparavant : détruire Ça s’il refait jour. La plupart sont d’autant plus perturbés par l’appel de Mike qu’ils s’efforcent d’oublier leur enfance. Toutefois, ils consentent à revenir.

Cependant, Stanley se suicide après l’appel. Jusqu’où ira Ça? Jusqu’où le club des Ratés ira-t-il, pour triompher de ses peurs afin de triompher de l’horreur sans nom ?

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