Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn)
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Pays:
Américain
Thème (s):
Différence des générations, Différence homme-femme, Féminisme
Date de sortie:
5 février 2020
Durée:
1 heures 49 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
Cathy Yan
Acteurs:
Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Jurnee Smollett-Bell
Age minimum:
Adolescents et adultes

Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn) (Birds of Prey (and the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn)), fantastique américain de Cathy Yan, 2020. Inspiré par le DC Comics éponyme. Avec Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Ewan McGregor.

Thèmes

Féminisme, différence homme-femme, différence des générations.

Le plus féministe des DC Comics présente au moins l’intérêt d’être un miroir tendu aux unilatéralismes morbides de notre civilisation (ou plutôt de notre fin de civilisation).

 

En donnant toute sa place à l’héroïne très girly de Suicide Squad (David Ayer, 2016), comment s’étonner que Birds of Prey soit un film militant qui dézingue systématiquement l’humanité virile. Pas un homme – je dis bien pas un seul – ne mérite d’être sauvé. Même le logeur qu’Harley aime et respecte, au point d’habiter chez lui en toute sécurité, la trahira pour une question d’argent sous sa forme la plus dégradante (« Business is business »). Et le traumatisme sera tel qu’il décidera de son utilisation de la seule personne vis-à-vis de qui elle avait adopté une attitude un tantinet désintéressée : Cassandra Cain.

 

Avec le premier roc de l’altérité qu’est la différence des sexes, la jeune membre du trio « Gotham City Sirens » (les autres étant Poison Ivy et Catwoman, ici absentes) et ses renégates atomisent le second roc : la différence des générations. L’ex-psychiatre (oui, Dr Harleen Quinzel, alias Harley Quinn, est titulaire d’un doctorat de médecine spécialisée) a beau jeu de repérer chez ses proches comme chez ses lointains un complexe d’Œdipe irrésolu : à père manquant, fils et fille manqués. Et elle-même n’échappe pas à ce désastre généralisé : pour se racheter une conscience, la délinquante déjantée prend sous son aile protectrice une orpheline dont, loin d’être la mère ou la grande sœur parentalisée, elle ne sera que la complice de ses déprédations et l’incitatrice de ses perversions. Il est vrai que nom et prénom de Cassandra Cain constituent à eux seuls un programme…

 

À cette déconstruction en règle, on pourrait ajouter les multiples déconstructions de la règle éthique : apologie des vols individuels ou publics, de l’incivilité, du mensonge, etc. Mais qu’attendre du double féminin du Joker ? L’écho sociétal est ailleurs. Une fois torpillées les deux différences structurant toute relation au prochain, comment s’étonner que ce soit cette relation elle-même qui soit vitrifiée ? Certes, le film oppose non sans facilité et sans originalité, d’un côté, la proximité, voire la complicité, voire l’amitié, du futur trio des « Birds of Prey » (Huntress, Black Canary et Renee Montoya), qui sauvent Gotham à visage découvert et cœur ouvert (désintéressé), de l’autre, la masse testéronisée des brutes masquées uniquement appâtées par la juteuse récompense promise par Black Mask. Mais regardons-y de plus près. Les cinq jeunes femmes ne sont pas seulement des solos ; ce sont des individualistes militantes – y compris Renee Montoya qui n’advient à sa nouvelle mission que par la démission sans remords de ce poids mort qu’était sa profession de policier.

 

Ainsi, nous nous trouvons face à un Deadpool au féminin – la complaisance dans la vulgarité, le sanguinolant et le stupre en moins, heureusement. Mais le rire aux éclats ne fait que révéler l’éclatement des valeurs qui éclaboussent notre civilisation, ou plutôt, redisons-le, notre fin de civilisation…

Pascal Ide

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