Autopsie d’un meurtre
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Pays:
Américain
Thème (s):
Justice, Procès, Vérité
Date de sortie:
14 octobre 1959
Durée:
2 heures 40 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Otto Preminger
Acteurs:
James Stewart, Lee Remick, Ben Gazzara
Age minimum:
Adolescents et adultes

Autopsie d’un meurtre (Anatomy of a Murder), drame américain d’Otto Preminger, 1959. Adapté du roman écrit par le juge John D. Voelker. Avec James Stewart, Lee Remick.

Thèmes

Vérité, procès, justice.

    Dans ce long film parfois ennuyeux, mais toujours talentueux, le maître Otto Preminger joue assurément avec la rhétorique judiciaire. Mais il joue encore davantage avec nos frustrations qu’il multiplie à loisirs et avec plaisir. Dans quel but ?

     

    Alors que foisonnent interrogatoires et contre-interrogatoires usque ad nauseam, le réalisateur nous prive sciemment du réquisitoire et de la plaidoirie, qui sont pourtant les pièces maîtresses – et d’ailleurs saluées – du procès.

    Alors qu’il nous montre deux as du barreau dans les fortes personnalités de l’avocat et de son adversaire, il nous frustre d’un juge à la hauteur pour nous proposer un homme avachi plus préoccupé de sa montre que de la vérité, plus réactif que proactif.

    Alors qu’il nous inflige d’insupportables longueurs, par exemple, dans l’inutile prologue du héros et de son amitié, il shunte tout tension en expédiant la scène, toujours promise à un suspense jouissif, de la réponse des jurés. Plus encore, c’est après avoir présenté une belle plaidoirie de Parnell sur le quasi-miracle qu’est l’unanimité du jury, qu’il banalise au maximum leur prestation.

    Alors qu’il ne cesse de parler du personnage odieux, mais problématique du violeur, jamais il ne gratifie le spectateur, ne serait-ce que d’une photo ou d’un flashback. Voyeurisme ? Nenni ! Simple fidélité à l’art du cinéma dont la vocation est d’offrir à la vision ce qui est intentionnellement soumis à la seule audition.

    Alors que les prémisses du film déroulent un fil rouge d’une limpidité exemplaire, le procès, lui, fourmille d’allers et retours qui l’emmêle jusqu’à former une pelote inextricable.

    Surtout, alors que notre sens moral, sans doute trop manichéen, aimerait pouvoir clairement discerner, sinon au point de départ, au moins à l’arrivée, coupables et innocents, le scénario trouve un malin plaisir à brouiller toutes les frontières éthiques. S’il finit par innocenter le meurtrier (ou du moins le reconnaître non coupable), il l’a pourtant peint comme un personnage antipathique, violent et peu aimant ; s’il présente une jolie victime, celle-ci ne cesse, de la première à la dernière scène, de provoquer celui-là même qui doit défendre son mari.

     

    Une telle accumulation ne peut poursuivre qu’une intention : convaincre le public, non pas intellectuellement, mais expérimentalement, que le procès ne peut aboutir à aucune détermination définitive. Nul plaidoyer (sic !) sceptique ou cynique, mais seulement le souci de dégriser un spectateur encore idéaliste et justicier, aussi prompt à exiger hors de lui une morale binaire qu’à tolérer à l’intérieur de sa conscience une éthique laxiste.

    Ainsi, dans son geste même par lequel il invente le film à procès, Preminger a eu le génie d’aussitôt le mettre en abîme. Oui, il y a bien Autopsie d’un meurtre, mais c’est celui d’un prétendu triomphe de la vérité « claire et distincte » chère à Descartes. Ainsi que le générique et l’affiche le donnent à voir et la musique de Duke Ellington à entendre, l’homme de la condition postlapsaire n’a accès qu’aux membra disjecta de la justice idéale, à des fragments disséminés de sens qu’il lui faut, modestement, mais décidément, interpréter.

    Pascal Ide

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    Depuis qu’il a quitté son poste d’avocat général, Paul Biegler (James Stewart) occupe son temps à la pêche, daignant à l’occasion prendre une affaire sans grande importance. Son confrère Parnell Emmett McCarthy (Arthur O’Connell), qui lui-même se tient en retrait de la vie judiciaire et a sombré dans l’alcoolisme, pousse Paul à défendre une cause qui fait la une de la presse, pour renflouer les finances du cabinet : un lieutenant de l’armée, Frederick Manion (Ben Gazzara), a assassiné, de sang-froid semble-t-il, l’homme qui a violé son épouse Laura (Lee Remick). Les deux avocats décident de plaider non coupable, arguant que Frederick a tué sous l’emprise d’une « impulsion irrésistible » et non d’un désir de vengeance. Vont-ils l’emporter contre une opinion majoritairement opposée ?

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