Un jour sans fin
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Pays:
Américain
Thème (s):
Amour, Salut, Temps
Date de sortie:
28 juillet 10993
Durée:
1 heures 41 minutes
Directeur:
Harold Ramis
Acteurs:
Bill Murray, Andie MacDowell, Stephen Tobolowsky
Age minimum:
Adolescents et adultes

Un jour sans fin, comédie fantastique américaine d’Harold Ramis, 1993. Avec Bill Murray, Andie MacDowell, Stephen Tobolowsky.

Thèmes

Temps, amour, salut.

Aimer autrui, c’est s’ouvrir pour se donner à lui. La reconstruction de la personne s’achève dans ce don de soi. Au terme de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), nous avons vu le héros ébaucher cette ouverture. Dans la comédie aussi distrayante que profonde Un jour sans fin, nous l’accompagnons dans ce difficile et patient chemin qui s’avère aussi être une guérison en profondeur.

Phil Connors (Bill Murray) arrive un 2 février dans une ville de province pour un reportage qui l’ennuie autant que les habitants de cette contrée perdue. Or, le blizzard cloue le talentueux animateur météo sur place. Étrangement, au lever, sa journée ressemble en tous points à celle de la veille. Dé­sormais, son existence sera la répéti­tion, morne et indéfinie, de la même et identique journée.

Ici, la comédie devient fable morale. Arriviste forcené (« Je suis une vedette »), Phil n’a d’intérêt que pour son ego ; il ne remarque même pas que sa collègue Rita (Andie McDowell) est amoureuse de lui. Mais il est trop imbu de sa personne pour comprendre qu’il s’est obturé à l’autre. Or, seul celui-ci apporte la surprise ; la rencontre, toujours risquée, est le grand four où se cuit le pain de la nouveauté. Le monde de Narcisse est donc fermé non seulement à autrui, mais aussi à l’altérité imprévisible du temps. Dès lors, la répétition sans fin du même jour devient la parabole de la monotonie intérieure où l’égoïsme de Phil l’a englué.

Pour autant, l’issue hors de cette compulsion qui ne va pas sans péché n’a rien d’automatique ni d’immédiat.

Après un temps de dépression et une tentation de régression alcoolique, Phil réagit. Il prend conscience avec jubilation de ce que, ses actes étant sans lendemain, tout lui devient possible. Toutefois, ce faisant, il utilise le temps comme une réalité réversible, donc en refuse l’exigence et quitte le réel pour l’imaginaire. De plus, les possibles qu’ils libèrent sont ambivalents : il peut devenir un dieu (qui est toujours en avance d’une fraction de seconde sur l’accident) mais aussi un démon (qui vole sans scrupule). Surtout, l’avenir qu’il dessine demeure narcissique : il n’a fait que gonfler son moi à la mesure sans mesure de sa toute-puissance.

Devant cet échec, la seule solution n’est-elle pas le suicide ? Or, suprême injure : cette ultime issue lui est refusée. Obligé de vivre, Phil ne peut fuir sa liberté, donc sa responsabilité. Et puis, le suicide n’était-il pas une nouvelle manière de placer son moi au centre et donc de s’idolâtrer ?

La seule solution consiste donc à entrer en relation avec l’autre. Pour la première fois, Phil déclare son amour à Rita et, sachant que demain, elle aura tout oublié, il décide de la respecter : « Reste. Je te promets que je ne te toucherai pas ». Ô bonheur, Rita accepte de passer la nuit avec lui. Notre héros est-il enfin délivré de la fatalité de ce mythe de Sysiphe renouvelé ? Nullement. Le spectateur demeure interdit, voire choqué de ce rebondissement qui paraît être une régression. Rita ne s’est-elle pas librement donnée à Phil ? Il demeure que celui-ci l’a utilisée pour sortir de sa noria désespérante. En l’employant à ses propres fins, il a manipulé son amour. Sa conquête était donc une nouvelle variation sur le thème du même, aussitôt sanctionnée par l’étern(ull)ité du même scénario.

Le salut ne peut donc venir que d’une découverte de la gratuité : Phil apprend à jouer du piano, à sculpter, il donne au pauvre mille fois croisé dans la rue, il sauve à de multiples reprises la vie d’un homme qui ne le remercie jamais.

Cette gratuité dilate en lui l’espace qui donne toute sa place à l’être aimé. Enfin, il peut rencontrer Rita pour elle-même. Quatre indices l’attestent dans la toute dernière scène du 2 février. Phil, pour la première fois, met son talent au service de son amour en sculptant le visage de Rita. Plus encore, il le façonne à toute vitesse sans même la regarder (« Je connais tellement bien ton visage que je pourrais le sculpter les yeux fermés »), ce qui signifie qu’il a intériorisé sa présence au lieu de la nier ou de la capter. En outre, en s’éclipsant (« J’ai des rendez-vous »), il laisse Rita venir librement à lui. Et si c’était en acceptant de ne plus changer les choses et les personnes qu’elles commençaient à réellement changer ? Enfin, vivant pleinement l’instant présent, le spécialiste du temps a accepté de ne plus maîtriser le temps : il ne cherche plus à consommer et à contrôler l’à-venir (« Quoi qu’il puisse m’arriver demain, j’ai trouvé le bonheur, parce que je t’aime »). Le lendemain du 2 février peut dorénavant être un autre jour. Phil est tourné vers le bien de l’autre (« Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? », demande-t-il à Rita) ; or, en italien, « je t’aime » se dit : « ti voglio bene », « je te veux du bien ». Répété usque ad nauseam, ou plutôt ad salutem, ce 2 février n’est-il pas devenu l’occasion d’une présentation de soi à autre que soi, autrement dit d’une offrande de soi ?

Pascal Ide

Phil Connors, journaliste à la télévision et responsable de la météo part faire son reportage annuel dans la bourgade de Punxsutawney où l’on fête le « Groundhog Day » : « Jour de la marmotte ». Dans l’impossibilité de rentrer chez lui ensuite à Pittsburgh pour cause d’intempéries il se voit forcé de passer une nuit de plus dans cette ville perdue. Réveillé très tôt le lendemain il constate que tout se produit exactement comme la veille et réalise qu’il est condamné à revivre indéfiniment la même journée, celle du 2 février…

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