Sans un bruit
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Pays:
Américain
Thème (s):
Famille, Ouïe, Silence
Date de sortie:
20 juin 2018
Durée:
1 heures 30 minutes
Directeur:
John Krasinski
Acteurs:
Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds
Age minimum:
12

 

 

Sans un bruit (A Quiet Place), épouvante américain coécrit et réalisé par John Krasinski, 2018. Avec John Krasinski, Emily Blunt.

Thèmes

Ouïe, silence, famille.

    Comment expliquer le succès outre-Atlantique stupéfiant et a priori inattendu d’un film qui croise la science-fiction, sous-espèce dystopique, et l’épouvante – que, envers et contre toutes les critiques, je distingue de l’horreur [1] –, est écrit par des scénaristes débutants, Scott Beck et Bryan Woods, et se refuse au spectaculaire des blockbusters ? Peut-être parce qu’un grand film, c’est une idée narrative inédite, développée avec rigueur et vigueur.

     

    De fait, le concept ou plutôt le thème est profondément nouveau : une humanité ou plutôt quelques survivants isolés condamnés à vivre silencieusement au quotidien et pour toujours – ajoutons : dans un environnement peuplé de créatures aussi violentes que terrifiantes.

    À bas bruit, l’absence de bruit distille de manière très efficace un climat d’angoisse de plus en plus insoutenable. La musique qui, très souvent, est la première source de suspense, au point parfois de tricher (par exemple, en soulignant voire en anticipant d’un coup de percussion le surgissement imprévisible de l’attaque), devient totalement inutile. Le spectateur se surprend à s’agripper à son fauteuil ou plutôt à être depuis longtemps crispé aux accoudoirs, alors que ni la bande-son (c’est-à-dire le bruit ou la parole exposant la menace) ni l’image (c’est-à-dire la vision d’un péril) ne l’ont, semble-t-il, poussé à l’angoisse. Autrement dit, la salle fait une singulière expérience d’empathie : nous nous laissons imprégner, à notre insu, par l’hypervigilance angoissée, plus, l’épouvante sans accalmie, des protagonistes.

    Voire, mais ici interviennent aussi les différences de caractère et de tempo (pour ma part, fidèle au générique, je suis sorti parmi les derniers), le retentissement de la tension s’éprouvera de manière plus ou moins durable une fois inscrit le mot « Fin » : le spectateur peut se retrouver à scruter avec vigilance, voire inquiétude, son environnement dès qu’il est assiégé par un silence assourdissant et trouver tout à l’inverse que l’enveloppement d’un entourage bruyant rime avec rassurant. Autant d’attestations qu’une heure et demie de film réussit à façonner émotionnellement. Le titre américain, astucieusement ambivalent, l’avait suggéré : quiet, « silencieux », n’est pas du tout synonyme de quiet, « tranquille »…

    Dès lors, nous comprenons pourquoi, des cinq sens, l’ouïe est devenue, chez les animaux supérieurs, le sens de la vigilance, celui qui s’est surdéveloppé dans les milieux à visibilité réduite, modelant non seulement les attitudes d’attention invitant l’animal, au moindre bruit, à interrompre son activité, dresser la tête et explorer activement son environnement, mais jusqu’à l’anatomie, configurant la chair en inventant (et pas seulement en sélectionnant) ces oreilles agrandies, allongées, affinées et orientables.

     

    Mais ce changement subjectif naît d’une transformation objective. Contrairement à une publicité et des critiques qui saluent le film d’épouvante particulièrement intelligent, mais d’abord l’épouvante, Sans un bruit est une véritable œuvre subcréatrice, qui développe les résonances cosmologique, anthropologique et même théologique d’une idée (idea factiva), celle d’un monde devenu silencieux – dont les harmoniques horrifiques sont les plus spectaculaires, mais certainement pas les plus profondes.

     

    Cosmologique. Le citadin met plus de temps que cette famille d’agriculteurs du Middle West à prendre conscience que se sont tus les grands habitants de l’espace sonore que sont les oiseaux : absents de la petite ville, ils ont aussi déserté la forêt comme la campagne. Seuls nous sont montrés, un bref instant, une colonie de migrateurs qui, justement, ne font que passer, haut, très haut dans le ciel. En outre, sont congédiés les insectes pollinisateurs qui ont rempli, pour la première fois, la nature, de leur bruissement voletant, voici 250 millions d’années, avec l’apparition des phanérogames (les plantes à fleur) – avec les conséquences que le film a oublié de dérouler.

    En fait, l’élimination du bruit a sélectionné les êtres naturels ou plutôt tracé des frontières novatrices qui ne sont pas dénuées de signification. Non pas tant celle énoncée par la belle image de Mahatma Gandhi, « récemment trouvée sur un calendrier » par Joseph Ratzinger et rappelée au terme d’une confé­rence sur la musique sacrée et la liturgie : l’espace auquel l’homme participe  se découpe en trois couches horizontales : la mer où les poissons se taisent, la terre où les animaux crient et le ciel où les oiseaux chantent [2]. Mais plutôt une nouvelle répartition entre deux types de durée et de variabilité : un monde constamment et régulièrement (c’est-à-dire invariablement) sonore, et les autres environnements, qu’ils soient parfois silencieux ou toujours bruyants, mais irrégulièrement. Or, autant le premier absorbe le son de la voix, autant le second le filtre. Nous apprenons ainsi que le long silence imposé n’a pas engendré une atrophie des cordes vocales symétrique de l’hypertrophie des oreilles vigilantes. Surtout, le torrent devient le lieu possible de communications bénéfiques autour de la pêche, et la chute, non seulement celui d’un premier et heureux échange de paroles, voire de cris, entre père et fils, mais celui d’une croissance décisive en confiance dans la parole du père. De même, l’écoulement continu de l’eau dans la maison permettra de recouvrir momentanément d’un voile retentissant le gémissement du nouveau-né à l’approche du monstre dévorant.

    Ainsi, le film nous révèle que l’eau en mouvement (rivière, cascade, chute), encore plus que le vent (qui, trop instable, passe de l’extrême silence à l’extrême mugissement) devient la médiation d’une paix bienvenue, voire d’une possible communication. Pour qualifier « sœur eau », faudrait-il ajouter un nouvel adjectif à ceux égrenés dans le Cantique des créatures – « chaste, pure, obéissante » ? Par exemple, « unifiante » ou « suave », parce qu’elle porte sur ses ondes la parole qui rapproche les personnes et adoucit la violence.

     

    Venons-en au remodelage anthropologique objectif in(tro)duit par ce nouveau paramètre qu’est le « sans bruit ».

    1. De prime abord, un monde taiseux est synonyme sinon d’un monde paisible (la menace sourde est trop grave et trop omniprésente pour que la famille Abbott soit sereine), du moins de relations arrondies. Certes, parce que sont définitivement congédiés les éclats de voix comme les excès – toujours sonores – de geste. Certes, parce que l’ennemi commun invite à resserrer les liens au sein de la cellule familiale. Mais aussi parce que la nécessité absolue d’un silence tout aussi absolu invite à une vigilance permanente, donc à un ralentissement des mouvements, une attention à l’instant présent et un respect redoublé des choses et des personnes.

    Peut-être, en outre, parce que l’exigence de silence conduit à une immédiateté du contact avec le sol ; or, l’expérience montre (cf. fiche : « Au pied de la lettre »)  que, par la mise à distance qu’est la semelle, donc par la perte du toucher pédestre, le corps se réenracine humblement dans cet humus fondateur.

    Peut-être encore parce que l’impossibilité de s’éloigner, l’obligation vitale de l’autarcie commande un élimage des violences quotidiennes. « Dans un monastère, notait un moine, les relations se féminisent », au sens supragenré, symbolique où, dans ce microcosme d’où toute évasion (rêve d’aventure typiquement masculin) est bannie, la vie heureuse exige de prendre soin du lien et du bien (de l’autre) ; or, les philosophies du care en font une caractéristique spécifique de l’anima

     

    1. Pourtant, cet abrasement (qui n’est pas émoussement) généralisé des aspérités ne dit pas tout. Car, si la famille Abbott est muette, elle n’est pas sourde – du moins en grande majorité. Or, ce décalage entre un être humain appelé à la relation et son impossibilité à y répondre pleinement engendre de la violence. L’interdit du « parlêtre » (Lacan) retentit jusqu’au fond de l’être. Chaque protagoniste est donc affecté par cette frustration, quoique différemment.

    Marcus, par son impossibilité à exprimer pleinement ses peurs et ses pleurs ; peut-être plus encore, par son impuissance à répondre aux attentes paternelles et donc à vivre à hauteur d’idéal.

    Regan, qui est aussi expansive que son cadet est introverti, par son triple combat : extérieur, d’adolescente en révolte contre l’autorité parentale ; physique, contre le handicap qui l’excepte et bientôt l’exclut ; et surtout intérieure contre la culpabilité qui la hante de la mort impardonnable autant qu’inconsolable de Beau. Un observateur remarquait que le mal-entendant peine davantage à ordonner sa vie sexuelle. Comme si la parole dont la médiation conjure la violence des relations interpersonnelles exerçait aussi une influence pacifiante sur l’archaïsme des pulsions. Selon la grande loi anthropologique du reflet (nos connexions ad extra reflètent nos connexions ad intra), l’intensité de la révolte de Regan, qui va jusqu’à mettre la famille en péril, serait alors proportionnelle au déficit d’intégration.

    Evelyn, qui, elle aussi, porte plus qu’elle ne peut porter : corporellement, par sa peineuse grossesse et bientôt le périlleux accouchement ; psychiquement, lorsque nous apprendrons de sa propre bouche qu’elle est de même rongée par le remords exhorbitant de ne pas avoir protégé son petit dernier, auto-accusation qui se transforme en agression injuste de son mari.

    Lee, enfin, qui, en père responsable, est impacté par toutes les tensions vécues par sa famille, mais qui, en père prudent, ne peut les exorciser vers le dehors symbolique du masculin. Aussi ne peut-on affirmer que l’offrande de lui-même, assurément généreuse, n’est pas mêlée d’un secret besoin de réparation : n’aurait-il pas été raisonnable de demeurer en vie pour assurer la protection d’Emily et de leur enfant, voire, à travers lui, la survie de l’humanité ? Le hurlement par lequel il détourne l’attention du monstre ressemble furieusement à un râle de fureur désespéré ?

     

    1. Enfin, ce monde (terrestre) du silence est-il voué à une oscillation infinie de joies aussi concrètes que discrètes (ah ! les repas festifs ; ah ! la délicate évocation de l’intimité conjugale) et de terreurs aussi vrillantes qu’envahissantes ? Une troisième voie va émerger de manière inattendue et créative. La nouveauté totalement inattendue surgira à l’entrecroisement fécond de deux vulnérabilités.

    Celle des monstres. Et nous ne quittons pas ce nouveau monde du silence, dont nous continuons à explorer les résonances. Ces Aliens qui partagent un certain nombre de traits communs avec celui du film éponyme (comme la vivacité, la laideur, l’exosquelette d’arthropode et la gueule carnassière) en possède un qui lui est propre : dépourvu du sens informatif par excellence qu’est la vue, ils ont surdéveloppé leur ouïe au point que tout leur corps semble s’être transformé en organe acoustique, leur crâne lui-même être modelé pour écouter et leur conduit auditif s’enfoncer dans les profondeurs de l’encéphale. Or, la suracuité auditive entraîne un défaut total de protection anesthésiante. Se refusant à toute fantasque fantaisie (si je puis dire !), l’anatomie se met… à l’écoute de la nature : autant celle-ci sécurise l’œil par une paupière, autant elle récuse un tel opercule pour l’organe par excellence de la vigilance qu’est l’oreille (le réflexe stapédien ne pouvant prétendre que faiblement occuper cette fonction protectrice). Ici s’exprime aussi quelque chose du rôle que l’ouïe est appelée à jouer dans la vie de l’esprit : si la vision regarde pour régir (jusque dans l’étymologie qui converge), donc s’exerce dans le déjà là de l’espace, l’audition, quant à elle, se déploie avec pudeur dans le pas encore de la temporalité, donc dans la vulnérabilité. La puissance de la vue est pouvoir (voire toute-puissance), celle de l’ouïe est potentialité. Donc, cet hyperesthésique qu’est l’Alien est aussi un hypersensible. Et cette vulnérabilité devient sa fragilité, c’est-à-dire ce « point faible » que cherchait en vain le père.

    C’est sur ce point que la vulnérabilité de la créature croise celle de Regan. Son handicap la prédispose, en effet, non seulement à porter l’appareil qui révèlera la faille du monstre, mais à détecter cette faiblesse, dans une empathie cognitive qui n’a rien d’affectif.

    Cette double vulnérabilité qui, à nouveau, rime davantage avec féminité et appelle la protection masculine, conduit-elle à une éviction de la virilité ? Une interprétation superficielle de la fin du film où seule survit une Evelyn qui, avec son fusil à pompe, se métamorphose en Ripley, pourrait le faire accroire. Mais, d’abord, ce serait oublier que le deuxième opus (Aliens le retour, James Cameron, 1986), où elle endosse le plus emblématiquement cette image est aussi celui où, soudain maternelle, elle le fait pour protéger une petite fille. Surtout, une telle relecture serait sélective. Ce serait oublier la réconciliation de Regan avec son père et sa reconnaissance pour son admirable sacrifice. De plus, la jeune mal-entendante doit l’inspiration à la phrase prospective inscrite par son père que nous avons mentionnée : « Chercher la faiblesse ». Peut-être plus encore, elle finit par comprendre que les interdits répétés de son père (ne pas descendre dans la cave, ne pas s’éloigner de la maison) n’étaient en rien la manifestation d’une justice punitive à l’égard de sa soi-disante culpabilité, mais étaient autant d’expressions d’un amour peut-être trop protecteur, mais assurément inconditionnel : ces « non » douloureusement ressentis étaient le revers d’un « oui » jamais démenti.

     

    La naissance du quatrième enfant cristallise et symbolise la totalité de ces trois possibles. En consentant à ce qui paraît impossible – enfanter dans la souffrance et le silence un être qui naît au monde dans un cri –, la famille Abbott ouvre à une espérance qui refuse non seulement le repli sur soi habituel en posture de survie, mais l’enfermement fataliste induit par l’angoisse de l’Alien. Toutefois, le petit d’homme est si proche de la nature et encore si peu emmembré de culture – ici la culture anti-naturelle du silence – qu’il devient le centre paradoxal de toutes les craintes : l’être le plus désiré est aussi le plus menacé ; l’être le plus menacé est aussi le plus menaçant : comment empêcher un nouveau-né de pleurer et de crier ? Pourtant, n’est-ce pas ce qui, plus d’une fois, est arrivé dans l’histoire – Moïse en étant l’exemple le plus célèbre ? Combien de femmes ont ainsi réussi à dérober à la voracité des tyrans le fruit de leurs entrailles et ainsi renouvelé l’espérance d’un sauveur qui en délivre ?

     

    Théologique. Il y a enfin un être que le monde « sans un bruit » n’interdit pas, parce qu’il transcende toute matière, donc tout mouvement et donc tout bruit : Dieu. Celui qui est toujours et partout présent, est invité par les Abbott à chaque repas : lorsque les mains des membres de la famille se joignent dans une prière intense et recueillie (chacun ferme les yeux). Voire Dieu lui-même s’invite dans la paix qui illumine les visages en prière. Pendant un temps, l’horizon de l’oraison arraisonne le poison de la tension et a raison de l’oppression de l’appréhension.

     

     

    L’introduction demandait si ce film est un « grand » film : a-t-il su joindre à l’originalité de son inspiration la rigueur de sa narration ? Autrement dit, a-t-il su développer son thème principal ? Nous avons, chemin faisant, évoqué tel ou tel possible inexploité. Sans un bruit n’a par exemple pas non plus exploré les bruits involontaires, tels ceux émis par le corps endormi pendant la nuit (la prudence minimale n’eût-elle pas été qu’un des quatre membres de la famille ne cesse de monter la garde ?).

    Pour autant, A Quiet Place est une belle surprise et une réussite scénaristique. Ce film est d’abord une expérience : une immersion totale dans un monde silencieux. Non pas une plongée dans un caisson insonorisé dont la fermeture serait synonyme de sécurité, mais une introduction dans un monde ouvert où tout bruit est non seulement absent, mais banni.

    Le réalisateur invente ensuite pour nous un autre monde. Non pas un monde futur temporairement privé d’un sens comme dans Blindness (Fernando Meirelles, 2008), mais un monde définitivement privé de l’émission d’un sensible. Autant il paraît impossible de nous faire entrer dans l’univers de la cécité (90 minutes « dans le noir », comme les restaurants du même nom…), autant le film nous fait découvrir celui du malentendant.

    Enfin, l’intrigue a su évoquer, plus, explorer que, chez l’homme, les cinq sens sont élevés par l’esprit, c’est-à-dire « intelligenciés » (Jacques Maritain), voire en attente d’une spiritualisation (Origène, le premier, n’a-t-il pas parler des « cinq sens spirituels » ?) : ne dit-on pas que demeurer paisiblement en silence l’un avec l’autre est l’indice d’une amitié accomplie ? L’obligation du silence n’est-elle pas une invite à une meilleure entente ?

    [1] Le cinéaste a veillé à ce que le long-métrage soit coté « PG13 » lors de sa sortie aux Etats-Unis, afin d’accroître l’audience : concrètement, les adolescents peuvent le voir sans être accompagnés de leurs parents. Pour cela, la caméra tarde à nous montrer les créatures, de fait effrayantes, et surtout ne filmera jamais leurs méfaits sanguinolents. Chic !

    [2] Cardinal Joseph Ratzinger, Un chant nouveau pour le Seigneur. La foi dans le Christ et la liturgie aujourd’hui, trad. Joseph Feisthauer, Paris, Desclée, 1995, p. 168-169.

    Pascal Ide

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    1. 89e jour. Seuls dans un supermarché à l’abandon, un homme, Lee Abbott (John Krasinski), et son épouse Evelyn (Emily Blunt) font leurs courses, pieds nus et échangeant par signes. Leur adolescente mal-entendante et en révolte, Regan (Millicent Simmonds), leur pré-ado, Marcus (Noah Jupe), et le petit-dernier, Beau (Cade Woodward) qui les accompagnent, veillent eux aussi à ne faire aucun bruit. Beau est très tenté de prendre le modèle réduit de la navette Challenger, mais son père refuse en lui expliquant que, avec les piles, elle serait bruyante. Toutefois, une fois que Lee a le dos tourné, Regan prend et dissimule la maquette pour Beau, tout en veillant à en ôter les piles, pendant que celui-ci, à l’insu de tous, s’empare de celles-ci.

    Sur le chemin du retour, la famille, toujours silencieuse, marche sur une voie ferrée, épiant avec inquiétude les environs. Soudain, les parents qui marchent devant entendent un bruit. Ils se retournent, affolés, et voient leur dernier en train de s’amuser à faire voler la maquette qui clignote en criant. Terrifié, Lee se précipite vers Beau qui, casque sur la tête, n’entend rien. Au moment où il va l’atteindre, une forme indistincte dont la vélocité n’a d’égale que sa férocité, happe Beau et l’emporte dans la forêt.

    473e jour. Nous retrouvons la même famille du Midwest dans la ferme où elle vit, toujours seule et silencieuse, l’oreille aux aguêts. Nous savons désormais que, dans ce monde post-apocalyptique, les quatre membres survivants évoluent sous la menace permanente de monstres anthropophages, apparemment indestructibles, aveugles et extrêmement sensibles au moindre son. Mais une nouvelle menace les attend : Evelyn est enceinte.

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