Rambo : Last Blood
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Pays:
Américain
Date de sortie:
25.09.2019
Durée:
1 heures 40 minutes
Évaluation:
*
Directeur:
Adrian Grunberg
Acteurs:
Sylvester Stallone, Paz Vega, Sergio Peris-Mencheta
Age minimum:
Adultes

 

 

Rambo: Last Blood, action américain de Adrian Grunberg, 2019. La série est inspirée du roman Rambo de David Morrell, 1972. Avec Sylvester Stallone, Paz Vega, Sergio Peris-Mencheta, Yvette Monreal.

Thèmes

Vengeance, hyperviolence.

Ce dernier sang est un dernier sans…, c’est-à-dire l’épisode de trop d’une saga qui s’étend sur pas moins de 37 ans.

Certes, comme le rappelle le générique final, tout est mis en œuvre pour multiplier les flashbacks, allant de la forêt (Rambo, Ted Kotcheff, 1982) à la ferme familiale (John Rambo, Sylvester Stallone, 2008), en passant par la structure narrative ne varietur en deux temps, mort et résurrection (surtout depuis Rambo 2 : La Mission, George Pan Cosmatos, avec, aux commandes du scénario, James Cameron lui-même, 1985) et la guerre contre un pays tyrannique (l’Afghanistan dans Rambo III, Peter MacDonald, 1988 ; ou la Birmanie dans John Rambo).

Mais, sont envolés, depuis longtemps, le coup de génie mettant en scène un GI revenant au pays, souffrant de stress postraumatique et incapable de s’intégrer (premier opus), la trahison inattendue de son propre pays (deuxième opus). Passons le fiasco monumental du troisième opus. Mais surtout, pourquoi donc Sylvester Stallone a-t-il renoncé au message explicitement chrétien du quatrième opus par lui scénarisé où, sans rien perdre de l’intensité de l’action (et, malheureusement de sa complaisante violence), il atteint la dimension dramatique du premier, la rédemption en plus ? La double franchise, Rocky et Rambo, révélerait-elle la double face, lumineuse et ténébreuse de celui qui ne pense pas résoudre ses problèmes, mais tente seulement, selon ses propres mots, d’en contrôler les conséquences ?

En effet, au pardon, le dernier volet substitue explicitement et intentionnellement la vengeance et au retour du prodigue, la fuite en avant qui pourrait laisser place (horresco referens) à un énième épisode. Surtout, il filme cette effroyable caricature de crucifixion où la victime est totalement coupable et doit verser son sang non pour expier son péché, mais pour incarner la violence du justicier, et pire encore, se voit arracher le cœur… Comme si une telle violence-vengeance pouvait pacifier l’exécuteur, sans parler de l’exécuté. L’effondrement du terrain qui oblige le narco-trafiquant à finir, aux deux sens du terme, dans la grange, devient dès lors le symbole du film et de son héros. Tout est là pour clamer l’innocence de la victime, mais aussi pour réclamer l’anéantissement du responsable (selon le modèle antique de la mort du tyran : cf. commentaire de John Rambo) et acclamer un vengeur tout puissant qui croit résoudre les problèmes d’un Mexique caricaturé à la limite du racisme, alors qu’il ne fait que les multiplier.

Après la vision d’un spectacle aussi revanchard que complaisant, qu’il nous est bon de relire ces paroles du psaume qui ont inspiré la deuxième béatitude du Christ (Mt 5,4) :

 

« Laisse ta colère, calme ta fièvre, ne t’indigne pas : il n’en viendrait que du mal ; les méchants seront déracinés, mais qui espère le Seigneur possédera la terre. Encore un peu de temps : plus d’impie ; tu pénètres chez lui : il n’y est plus. Les doux posséderont la terre et jouiront d’une abondante paix » (Ps 36 [37],8-11).

Pascal Ide

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