Mortal engines
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Pays:
Américain
Thème (s):
Homme-Femme, Ville
Date de sortie:
12 décembre 2018
Durée:
2 heures 8 minutes
Évaluation:
*
Directeur:
Christian Rivers
Acteurs:
Hera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving
Age minimum:
Adolescents et adultes

Mortal Engines (Mortal Engines), science-fiction américano-néo-zélandais de Christian Rivers, coécrit et produit par Peter Jackson, 2018. Adapté du roman éponyme de Philip Reeve (premier tome de sa série littéraire Tom et Hester : Mortal Engines Quartet), 2001 : Mécaniques fatales, Hachette Jeunesse, 2003). Avec Hera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving, Anna Fang, Leila George, Ronan Raftery.

Thèmes

Ville, homme-femme.

Le film de Christian Rivers avait tellement d’atouts pour être une grande réussite dans le genre de la science-fiction (sous-genre post-apocalyptique, et sous-sous genre steampunk, c’est-à-dire uchronie mêlant monde passé, ici celui de la révolution industrielle, et vision futuriste, ici, celui d’un monde harmonieux à parfum oriental ! Pourtant, il échoue tragiquement.

 

Assurément, le scénariste a subcréé un monde jamais vu au cinéma : celui de ces mortal engines que sont les cités prédatrices où, grâce aux effets spéciaux numériques qui n’ont de limite que celle des imaginations aux commandes, s’étagent espaces urbains surpeuplés et complexes industriels, villas luxueuses et jardins spacieux, le tout couronné d’une improbable cathédrale.

Voire, le scénario lui-même a tenté d’introduire de véritables tensions narratives qui sont autant d’énigmes ou de suspenses (du moins potentiels). Comment la Terre (et, avec elle, la majorité de l’humanité) a-t-elle pu être dévastée aussi vite dans ce conflit qui s’appelle de manière effroyablement suggestive la Guerre des soixante minutes ? En quoi consiste donc ce Mur mystérieux, vers les contrées de l’Est, qui semble ouvrir sur un avenir radieux ? Quel secret dessein poursuit Thaddeus Valentine ? À ces questions couvrant les trois extases du temps (passé, futur, présent), se joint une multiplication de scènes qui sont autant de rebondissements où les héros se retrouvent dans de réelles difficultés dont ils se sortent de manière inattendue.

 

Pourtant, faute d’une véritable intrigue, le film manque chaque objectif avec une application qui frise la mauvaise volonté. Des exemples ? Passons le désir presque manipulateur de nous émouvoir (notamment lors de la mort interminable de Shrike-Shrek sensée nous arracher des Niagaras lacrymaux). Trop vite, l’énigme de l’holocauste nucléaire est éventé, et donc suggère ce que sera la finale : l’utilisation de la même arme de destruction massive contre le reste de l’humanité. La multiplication des actions se transforme en une multiplication des acteurs, ce qui dilue d’autant l’investissement des personnages. Sans prolepse, la découverte de l’au-delà du Mur oriental étonne sans combler. Last but non least, l’identification du mal hésite entre maire et père. Cet involontaire calembour introduit la réflexion finale.

Cette absence de scénario (y a-t-il un pilote dans l’avion ?) ne proviendrait-elle pas d’un autre déficit qu’elle contribuerait à rendre visible ? L’émasculation de l’histoire n’est que le symptôme d’un effacement plus général de la différence homme-femme. Plusieurs symptômes : les héros sont sans éros. Il est entendu que c’est un film adolescent visant un public mondial, ainsi que les conflits œdipiens suffisent à l’attester ; mais depuis quand la crise de la puberté est hors sexe ? Depuis quand la montée hormonale concerne l’irascible (ici la révolte de la fille contre le père tyrannique qui s’élargit en réaction généralisée contre l’autorité) et non point le concupiscible (ne serait-ce que romantique) ? De plus, cette distinction masculin-féminin est secrètement chahutée : défigurée, l’héroïne est sans beauté et, doux rêveur, le héros est sans force ; voire, le troisième comparse, Jihae (Anna Fang), est une de ces créatures androgynes qui pullulent dans le cinéma japonais contemporain. Le scénario introduit un vilain original de prime abord plutôt réussi, Shrike – d’autant que Stephen Lang, le redoutable colonel Miles Quaritch immortalisé par Avatar, lui donne sa voix et sa stature –, que néanmoins il s’empresse aussitôt d’amollir jusqu’à le retourner en victime. Il n’est pas enfin jusqu’au combat final, de surcroît mal filmé, qui se refuse à opposer le grand méchant, Valentine, et la protagoniste principale, Hester, qui avait pourtant bien des raisons d’en découdre.

 

On sort du film plus étourdi qu’épanoui, plus nauséeux qu’heureux. L’engin mortel ne serait-il pas cette coûteuse machinerie hollywoodienne, qui broie les scénarios au profit des effets spéciaux. Dans les termes de Deleuze, mais en inversant son diagnostic : l’image-temps a phagocyté l’image-mouvement. Ou, d’un mot souvent lu dans cette rubrique cinéma, le spectacle a dévoré l’histoire, la pauvre surprise s’est substituée au riche suspense.

 

Pascal Ide

Des centaines d’années après qu’un holocauste nucléaire a ravagé la Terre, l’humanité survit par un nouveau mode de vie : de gigantesques villes mobiles montées sur des chenilles colossales errent sur Terre et digèrent sans pitié les villes moins puissantes. Tom Natsworthy (Robert Sheehan) est originaire du niveau inférieur de la grande ville mobile de Londres que dirige Thaddeus Valentine (Hugo Weaving). Il se bat pour sa survie jusqu’au moment où il rencontre une dangereuse fugitive, Hester Shaw (Hera Hilmar), venue des Outlands, qui cherche à assassiner Thaddeus pour une raison aussi mystérieuse que la cicatrice qui barre son visage. Alors que tout les oppose, ils forment peu à peu une alliance qui les conduira à découvrir l’abominable dessein fomenté par Valentine à l’insu de tous.

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