Maigret
Loading...
Pays:
Franco-belge
Thème (s):
Empathie
Date de sortie:
23 février 2022
Durée:
1 heures 28 minutes
Évaluation:
****
Directeur:
Patrice Leconte
Acteurs:
Gérard Depardieu, Jade Labeste, Mélanie Bernier, Bertrand Poncet, Aurore Clément, Clara Antoons
Age minimum:
Adolescents et adultes

Maigret, policier et drame franco-belge de Patrice Leconte, 2022. Adapté du roman de Georges Simenon, Maigret et la Jeune Morte, 1954. Avec Gérard Depardieu, Jade Labeste, Mélanie Bernier, Bertrand Poncet, Aurore Clément, Clara Antoons.

Thèmes

Empathie.

Cette première adaptation cinématographique du roman de Simenon est une réussite non seulement par sa direction d’acteur, mais par son thème et l’étonnante congruence entre les deux.

 

Très laudatives, les critiques l’ont volontiers souligné : après cent cinquante films, Depardieu est encore capable de nous étonner en se renouvelant totalement et en devenant un des personnages mythiques de la littérature contemporaine, le commissaire Jules Maigret. Depuis le plus extérieur (le manteau et le chapeau, la pipe en moins, impératifs écologiques obligeant) jusqu’au plus intérieur (l’attention aux milieux les plus défavorisés), depuis l’évidence massive (la silhouette qui, plus d’une fois, se découpe sur fond de lumière) jusqu’à l’évocation discrète (le simple sourire en se rasant, alors que la joie revient dans une maison désertée par celle-ci, en même temps que par la vie d’une petite fille trop tôt disparue).

 

Mais, plus encore, Depardieu a su offrir à son personnage toute sa proverbiale empathie : « Je ne juge pas ». Sherlock Holmes est un détective hors pair à cause de son observation et de son interprétation des détails matériels les plus insignifiants. Son homologue belge, Hercule Poirot, doit son talent lui aussi exceptionnel à son analyse des comportement psycho-sociologiques des milieux de la high society britannique. Son collègue du 37 quai des Orfèvres, Jean-Baptiste Adamsberg, tient son flair surdoué à une attention flottante hésitant entre transe hypnotique et pleine conscience.

Très différents de ses différents confrères, l’inspecteur Maigret doit sa pénétration non pas d’abord à son intelligence ou à sa volonté, mais à son cœur. D’un mot, à son empathie. De multiples scènes l’attestent, qui sont autant de joyaux bienfaisants. Cette empathie, en effet, lui donne de ressentir et pressentir que la victime a subi beaucoup plus qu’elle n’a voulu. Elle lui permet aussi de repérer chez une jeune femme vivante rappelant fort la victime décédée, la fragilité qui lui donnera de pouvoir démasquer le coupable. Si l’on craint un moment que le commissaire l’instrumentalise, voire la manipule pour arriver à ses fins, une simple question, justement dictée par la compassion, évente toute crainte : « Mais pourqoui ne t’es-tu pas enfuie plus tôt ? » Cette empathie, enfin, lui fait deviner non seulement les coupables (mais là ne réside pas le suspense, puisqu’ils sont désignés dans la première scène), mais le désir qui est le leur de soulager leur conscience et donc de se dénoncer (au fond, ne sont-ils pas aussi misérables que leurs victimes ?).

D’ailleurs, par une convergence qui est bien dans l’air du temps, les deux films policiers aujourd’hui à succès sur les écrans, Maigret et Mort sur le Nil, ajoutent au roman intial en enracinant l’enquête présente dans l’histoire passée de l’enquêteur. En enracinant sa compétence dans une histoire traumatique, ils font de l’appel actuel à dépasser cette blessure le lieu d’une touchante fécondité et d’une métamorphosante guérison. Un échange discret avec un certain Kaplan (André Wilms) suffit à évoquer le drame de ou plutôt des Maigret – discrète, secrète et concrète présence de Mme Maigret (Anne Loiret) – : « Quand on perd son enfant, on perd tout, il n’y a plus rien. – Je sais. Je sais Monsieur Kaplan ». Or, le sourire lors du rasage évoqué plus haut dans une scène qui est peut-être la plus magnifique du film signale combien la présence de cette jeune fille vient réparer et consoler le vieux couple en deuil depuis vingt ans.

 

Ces deux raisons de la réussite ne sont pas sans entrer en résonance. Notre Gégé national est l’un des très rares acteurs français (et internationaux) à pouvoir endosser les personnages les plus contrastés : bon ou mauvais, intelligent ou benêt, comique ou tragique. Or, encore une fois, une telle capacité ne relève pas d’abord d’un pouvoir d’imitation caméléon, mais beaucoup plus, d’une empathie.

Pascal Ide

À Paris, dans les années 1950, le corps d’une jeune femme est retrouvé Place Vintimille dans le 9e arrondissement. La victime est vêtue d’une robe de soirée mais n’a pas de papiers d’identité dans son sac à main. Le commissaire Jules Maigret (Gérard Depardieu) et ses hommes de la Brigade Criminelle sont chargés de l’enquête et tentent de découvrir l’identité de la personne assassinée, notamment avec l’aide au début involontaire d’une autre jeune fille lui ressemblant à plus d’un titre, Betty (Jade Labeste).

[/vc_c

Les commentaires sont fermés.