La douleur
Loading...
Thème (s):
Homme-Femme, Narcissisme
Date de sortie:
24 janvier 2018
Durée:
2 heures 6 minutes
Directeur:
Emmanuel Finkiel
Acteurs:
Mélanie Thierry, Benoît Magimel, Benjamin Biolay
Age minimum:
à éviter

 

 

La douleur, biopic français Emmanuel Finkiel, 2018.Inspiré du roman éponyme de Marguerite Duras. Avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel, Benjamin Biolay.

Thèmes

Homme-femme, narcissisme.

Quelle insupportable célébration de l’ego ! Quelle indigence du scénario ! Quel snobisme de la photo !

 

Non seulement Marguerite Duras, trop centrée sur elle,court le risque de compromettre tout le réseau, voire de le faire arrêter, mais, quand survient l’être tant aimé, elle est incapable de sortir de son appartement pour se précipiter à sa rencontre, car elle est d’abord inapte à sortir d’elle-même. Or, l’amour est par définition extase. Certes, lorsqu’elle apprend que Madame Katz (Shulamit Adar) lui annonce que sa fille est morte gazée, le jeune écrivain verse une larme, mais sur qui ? Si une compassion n’est réellement affective que lorsqu’elle devient effective, nul geste altruiste, nulle proposition d’aide, bref nulle motion, n’accompagne l’émotion.

Mais, objectera-t-on derechef, Marguerite ne multiplie-t-elle pas les démarches pour sauver Robert ? Déjà, si l’on souligne volontiers son ambivalence et donc sa honte de rencontrer Rabier, l’on n’ose évaluer cette instrumentalisation d’un « collabo » qu’elle méprise. Surtout, si réel est son amour, si aiguë est sa souffrance, comment expliquer qu’elle le trompe, non pas par compensation ou ponctuellement, et qu’elle le quittera deux ans après son retour, voire que, dès celui-ci, elle évoque son divorce ? Certes, nul ne peut juger un cœur. Mais l’on est en droit d’interroger l’altruisme d’un amour lorsqu’il se réduit au seul sentiment : « J’aimais aimer », confessait saint Augustin.

 

Cette autocentration est doublement soulignée. D’une part, par de mornes monologues qui nous servent une pseudo-phénoménologie de la douleur identifiée, du moins au début, à la peur elle-même reconduite à sa projection la plus dramatique : la mort de l’aimé, qui prépare la néantisation de l’amante. Et les passages si typiquement durassiens du « je » au « elle » (« Je n’existe plus. Alors, pourquoi attendre Robert Antelme ? […] Qu’est-ce qu’elle attend en vérité ? Quelle autre attente attend-elle ? ») ne font qu’enfler le moi à la taille de son environnement anonymisé.

D’autre part, par une image qui multiplie les gros plans et les longues focales floutant les arrières-fonds. Au lieu d’introduire (ce qui est l’effet escompté) dans l’état d’incertitude mentale de l’héroïne, le cinéaste étouffe le spectateur.

 

Enfin, l’intrigue a pris le parti, aujourd’hui si banal, de commencer par la fin qu’est la joie des retrouvailles, pour mieux la raturer au terme, brisant ainsi tout le dynamisme de l’espérance, nous plongeant dans la seule tristesse accablante et nous refusant, inexplicablement, la consolation de la communion. Là encore, triomphe le seul prestige d’un « je » mesure de toutes choses et d’une douleur offusquant tout autre sentiment.

 

Ce narcissisme omniprésent était si opprimant que je n’ai jamais été aussi tenté de faire claquer mon fauteuil en pleine séance. N’est pas Alain Resnay qui veut, surtout nul n’a à être ce qui a été ! En me répétant « Pourquoi ce film ? », je me disais aussi en écho : « À quoi bon ce roman ? »

 

Pascal Ide

Juin 1944, la France est sous l’Occupation allemande. L’écrivain Robert Antelme (Emmanuel Bourdieu), figure majeure de la Résistance, est arrêté et déporté à Buchenwald. Sa jeune épouse Marguerite Donnadieu (Mélanie Thierry), plus connue sous son nom de plume de Marguerite Duras, romancière et résistante, est tiraillée par l’angoisse de ne pas avoir de ses nouvelles et sa liaison secrète avec son camarade Dyonis Mascolo (Benjamin Biolay). Elle rencontre un agent français de la Gestapo, Pierre Rabier (Benoît Magimel), et, prête à tout pour retrouver son mari, entretient une relation ambiguë avec cet homme trouble qui est seul à pouvoir l’aider.

[/vc_c

Les commentaires sont fermés.