Jurassic World : Renaissance
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Pays:
Américain
Thème (s):
Nouveauté, Préhistoire
Date de sortie:
4 juillet 2025
Durée:
2 heures 13 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
Gareth Edwards
Acteurs:
Scarlett Johansson, Jonathan Bailey, Mahershala Ali
Age minimum:
Adolescents et adultes

Jurassic World : Renaissance (Jurassic World Rebirth), science-fiction américain de Gareth Edwards, 2025. Il s’agit du septième volet de la série cinématographique Jurassic Park inspirée du roman de Michael Crichton. Avec Scarlett Johansson, Mahershala Ali, Jonathan Bailey, Rupert Friend, Manuel Garcia-Rulfo, Ed Skrein.

Thèmes

Nouveauté, préhistoire.

  1. À l’instar de Superman (James Gunn, 2025), Jurassic World Rebirth, et l’industrie cinématographique avec lui, doivent s’affronter à un redoutable paradoxe, quasi-insoluble. D’un côté, par essence, un film est une œuvre d’art qui jaillit d’une intuition créatrice. Elle n’est pas pour autant étrangère au succès. Mais plus elle est unique, plus elle est vouée à être universelle – selon un autre paradoxe qui est l’une des marques de fabrique de la création divine et de la subcréation humaine.

De l’autre, par condition de naissance, l’opus d’une saga à succès (Jurassic World de Colin Trevorrow, 2015 est 10e au box office mondial, Jurassic World: Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona 2018, 23e et Jurassic Park de Steven Spielberg 1993, 39e) est voué à la répétition pour que le spectateur ne soit pas frustré, c’est-à-dire bénéficie du produit de consommation, pardon, de contemplation, qu’il est venu chercher.

D’ailleurs, cette ambivalence ne se trouve pas seulement en amont, chez le producteur, le scénariste et le réalisateur, mais en aval chez le spectateur, avant de sédimenter dans le produit lui-même qui, tel un enfant, se doit à la fois d’être insubstituable et de partager l’esprit de famille.

L’équation impossible consiste donc à mêler le même et l’autre, compte tenu que les attentes sont d’une très grande variabilité chez des spectateurs. Maritain notait, en effet, que la différence entre la forme d’esprit conservatrice et la forme d’esprit novatrice est en partie caractérologique, c’est-à-dire innée [1], de sorte que le désir de nouveauté s’étale selon le spectre le plus vaste et le moins connaissable qui soit.

 

  1. Après ces assommantes généralités, passons en revue les trois ingrédients principaux de tout film.

Le premier est ce qui constitue l’art cinématographique en propre, c’est-à-dire l’image-mouvement-son. L’évolution suit en grande partie l’innovation technique dont on sait à quel degré de perfection et de perfectionnisme elle a aujourd’hui atteint, depuis les premières incrustations, si inventives, mais aujourd’hui si approximatives, du premier volet de la saga (de fait, Spielberg est le premier à les avoir utilisés dans un blockbuster). Ici, la réussite est assurée. Nous avons droit à deux heures de grand spectacle. Le réalisme est tel que celui qui est assis dans son fauteuil a l’impression d’assister à un reportage sur cette sauvage île Saint-Hubert.

Non sans deux bémols. Pourquoi avoir frustré le spectateur de la vision complète du Mosasaurus dont il n’aperçoit que la face émergée, et encore, par parties, de sorte qu’il doit intellectuellement en reconstituer le tout à partir de la description opérée par le paléontologue ?

Le second est la musique. Sachant que l’une des principales raisons du succès de la franchise tient au flamboiement des thèmes williamsiens, quel feuilleton changerait d’air à chacun de ses épisodes, alors que le spectateur-auditeur s’attend et anticipe avec délectation de les retrouver ? Alors, pourquoi, ici, s’être contenté du rappel, certes, franc et massif, mais unique, lors de la scène des Titanosaurus (qui, nous y reviendrons, demeure la plus magique et la plus emblématique du film) ? Pourquoi s’être limité à quelques notes évocatrices que, comme pour l’image, il nous appartient de compléter dans notre tête ? Il n’y a peut-être pas de lieu plus révélateur de l’insoluble équation que doit résoudre ce qui se veut à la fois création et répétition.

 

  1. Ce sont peut-être les personnages qui concentrent le plus le ratage du film. La réussite de la saga tenait à un casting de choix et à la distribution des protagonistes selon quelques grands types attendus, épousant en partie la tripartition fonctionnelle de Dumézil : le savant génial, mais fou ; l’aventurier intrépide, mais séduisant ; la famille vulnérable et attachante – sans rien dire du méchant qui a toujours été le point faible de la série.

Or, les acteurs vraiment connus se réduisent à Scarlett Johansson, grande actrice qui, abonnée aux superproductions, sait également honorer les productions indépendantes. Seule donc à porter le film, sera-t-elle à la hauteur ? Il faut malheureusement répondre par la négative.

En effet, le scénario a fait le choix de suivre longuement la famille Delgado dont aucun des personnages ne suscite l’attrait. Sans épaisseur, ils ne provoquent pas l’identification, sans complexité, ils ne soulèvent pas de questionnement et, sans séduction, ils n’éveillent pas d’attachement. Certes, Bella est douée d’une louable compassion écologique pour l’Aquilops, qu’elle surnomme Dolores. Mais elle manque singulièrement de prudence en le sortant de son écosystème, ce qui devrait le vouer à une mort certaine.

Le Dr Henry Loomis hérite de la même absence de conviction et de capacité évolutive. Quel gap entre la paléobotaniste Ellie Sattler de Jurassic Park (qui, sans surprise, n’a pas voulu rembaucher pour les épisodes suivants) et le paléontologue qui se contente de nous tenir le discours écocentrique éculé que nous ne connaissons que trop : l’homme est une espèce comme une autre qui est née et disparaîtra selon le bon vouloir de la Terre-mère. Pire, son seul atout qu’est son intelligence (je parle de l’homme, pas de Loomis !) bien supérieure à celle du Dinosaure, loin d’assurer une adaptation plus prolongée, accélère son déclassement, puisqu’elle conduit à son autodestruction. Mais a-t-on observé la contradiction de ce discours anthropophobe : si l’homme est aussi négligeable et la Terre aussi adaptable, pourquoi alors valoriser sa présence et parler d’anthropocène ? Ne serait-ce pas le retour de cet insupportable anthropocentrisme ?!

Quant au méchant – qui, je le répète, est le talon d’Achille de la franchise – est d’une banalité si affligeante et si prévisible qu’il ne soulève aucune once d’intérêt. Dès la première scène, l’on sait qu’il est motivé par la cupidité, que sa conscience morale jugera à partir d’un unique critère, le gain maximum, et qu’il finira invariablement et violemment dans la gueule de la créature violente qu’il a contribué à libérer. Cette justice immanente, qui semble aller de soi et satisfait les plus basses impulsions vengeresses du spectateur (ce qui n’est ni à son honneur ni à celui du scénariste), permet de trancher le débat sur la nature du vrai bad guy de toute la série : non, ce ne sont plus les animaux préhistoriques, si prédateurs, si carnivores, si sauvages (aux trois sens du terme : indomestiqués, inadaptés à notre monde et brutaux) soient-ils, mais les hommes qui ont tout (con)cédé aux sirènes de l’hyperconsommation irresponsable.

Dans cette débâcle généralisée, demeure un personnage un peu élaboré : Duncan Kincaid. En effet, le chef d’expédition local est soucieux du bien de l’autre (par exemple, lors du sauvetage de la famille en détresse), compatissant pour les membres de son groupe tragiquement dispersé (pra exemple, LeClerc, le sympathique haïtien, qui sème la bande-son de la VOST de paroles françaises sans accent) et même capable de donner sa vie.

Et Zora Bennett, s’étranglera le spectateur ? Chacun ira de son avis sur son look gourmand décomplexé. Pour ma part, le lecteur le sait, je regrette beaucoup l’incapacité actuelle à oser renouer aventure et amour. Disons plus, je fustige l’interdit idéologique de croiser film d’action et film d’émotion. En effet, ici, pas même l’ébauche d’une idylle. On en sait les tristes raisons qui riment avec dépression : personne ne croit plus à la passion ni ne rêve à l’amour durable.

La problématique de fond du personnage mérite toutefois le détour : le passage d’une motivation utilitariste et exogène à une intention noble qui fait sens. Et ainsi purifier sa conscience du peu reluisant métier qu’elle a choisi : mercenaire peu scrupuleuse. Elle trouve une issue plutôt bienvenue : mettre les résultats en open source. Cependant, l’histoire de nouveau bégaie. Trop tôt annoncée, cette fin n’est pas traitée avec assez de soin. De plus, si l’on sent l’ambivalence oscillante de Zora, rien ne nous est dit de sa motivation (pourquoi cette belle conversion de la captation à l’oblation ?), ni du prix qu’elle doit payer (combien aurait-elle gagné si elle n’avait pas renoncé ?). Pourtant, grande leçon spielbergienne oubliée, c’est ce type de renversement concret qui engendre les scènes les plus gratifiantes et les effets les plus émouvants. Il s’y dit la grande loi évangélique qui associe don et perte, vie et mort, passion et résurrection : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24).

 

  1. Le script, en revanche, me paraît être l’une des meilleures réussites de l’opus. En effet, David Koepp (qui était déjà scénariste de Jurassic Park, toujours lui !) multiplie judicieusement les dilemmes éthiques : nous venons de nommer celui qui agite Zora ; un autre concerne le salut de la famille.

Surtout, l’histoire nous offre la superbe scène poétique de la vallée des Titanosaurus, sur fond, nous l’avons dit, du thème triomphal et inspiré de John Williams ; elle entre ainsi en écho avec celle de la merveilleuse rencontre du brachiosaure [2].

On saluera aussi la structure tripartite qui non seulement organise clairement le récit encadré par les scènes initiales (hors île) et finale (dans l’île), mais permet de visiter symboliquement les trois éléments (eau, terre, air), alterner carnassier attaquant, herbivore non-violent et défenseur agressif, et visiter les grands types de relation : les prédateurs chassant en bande, les couples amoureux qui s’entrelacent et les mères solitaires qui veillent jalousement sur leur progéniture. Heureuse harmonie qui rythme le récit (même si elle ne va pas sans quelque incohérence : pourquoi parler des carnivores guignant les herbivores, s’ils ne sont finalement pas montrés ?).

Enfin, et nous tenons ici l’idée réellement novatrice qui parvient à apparier même et autre : désormais, cet équivalent d’Isola Nostra contient non plus seulement des Dinosaures clonés ou des hybrides dopés, mais des monstres dégénérés qui sont autant de mutant immontrables (rappelant l’étymologie de monstre…).

Mais là s’atteste derechef une limite, donc une nouvelle demi-réussite. Le thème tératologique est au minimum inexploité : la visite finale du laboratoire qui devait être un des clous du film et une des clés explicatives est bâclée et dénuée d’enjeu, pire, ne suscite aucun désir de justice tant les monstres sont invivables. Et au maximum collatéral : les mutants qui ne se manifestent que dans la scène finale ne sont ni dangereux pour les humains, ni encolérés de leur horreur, ni amers de leur exclusion.

 

Si l’épisode est largement regardable (vous l’avez deviné, je reverrai, comme beaucoup, avec jubilation et émotion la scène des Titanosaurus aux longs appendices et aux doux embrassements), comment ne pas souhaiter que ce septième volet de la série cinématographique Jurassic Park soit véritablement le dernier à nous attirer dans les salles obscures…

Pascal Ide

[1] « On est ‘de droite’ ou ‘de gauche’ par une disposition de tempérament, comme l’être humain naît bilieux ou sanguin [les tempéraments d’Hippocrate] » (Jacques Maritain, Lettre sur l’indépendance, Paris, DDB, 1935, p. 42 : Jacques et Raïssa Maritain, Œuvres complètes, vol. V [1932-1935], 1982, p. 255-258, ici p. 275).

[2] Cf. site pascalide.fr : « Une merveilleuse mise en scène de l’émerveillement ».

En 2008, sept ans avant l’incident de Jurassic World, l’entreprise InGen utilise un laboratoire situé sur l’île Saint-Hubert, au large de la Guyane française, pour créer des dinosaures mutants transgéniques et faire des expériences sur les sujets ratés qui ne peuvent être exposés au grand public. L’une de ces créations, un Tyrannosaure à 6 membres, surnommé « Distortus Rex », s’échappe de son confinement et sème le chaos, forçant le personnel de l’installation à abandonner l’île. Dix-sept ans plus tard, en 2025, le climat terrestre est inhospitalier pour les dinosaures, qui cinq ans auparavant, s’étaient dispersés aux quatre coins du monde. Ils sont désormais contraints de résider dans des zones déclarées interdites aux déplacements et proches de l’équateur, car la température est élevée, l’air riche en oxygène et le climat semblable à celui du Mésozoïque.

Martin Krebs (Rupert Friend), cadre chez ParkerGenix, une société pharmaceutique, recrute Zora Bennett (Scarlett Johansson), une ancienne agente secrète de l’armée, pour collaborer avec le Dr Henry Loomis (Jonathan Bailey), paléontologue, sur une opération secrète. Celle-ci cherche à récupérer des échantillons de biomatériaux des trois plus grands spécimens préhistoriques, qui détiennent la clé d’un nouveau traitement contre les maladies cardiovasculaires. Arrivée dans un bar du Suriname, Zora recrute son ami de longue date, Duncan Kincaid (Mahershala Ali), pour diriger l’expédition. Il emmène avec lui le conducteur de bateau LeClerc (Bechir Sylvain), la mercenaire Nina (Philippine Velge) et le chef de la sécurité Bobby Atwater (Ed Skrein).

Ils se rendent tous sur l’île Saint-Hubert pour prélever des échantillons des plus grands animaux préhistoriques ramenés à la vie par les progrès génétiques : le Mosasaurus pour le milieu aquatique, le Titanosaurus pour le milieu terrestre et le Quetzalcoatlus pour le milieu aérien. Ils traquent d’abord le monstre marin qui est « pucé ». Mais celui-ci provoque le naufrage d’une famille naviguant autour de l’île : as Reuben Delgado (Manuel Garcia-Rulfo), sa fille aînée Teresa (Luna Blaise), avec son petit ami Xavier Dobbs (David Iacono), et sa cadette, Isabella « Bella » (Audrina Miranda). Contre l’avis de Krebs, Duncan et Zora décident de secourir la famille.

S’en suit une chasse au Mosasaure et, avec adresse, Zora réussit à prélever un échantillon. Cependant, celui-ci revient à la charge avec un groupe de Spinosaurus, qui chassent en symbiose avec lui. Ils attaquent le navire, tuant Bobby. Krebs empêche Teresa d’appeler à l’aide par radio afin de protéger le secret de la mission, et, face à la menace de sa trahison, il refuse de l’aider lorsqu’elle menace d’être jetée à l’eau. Malgré tout, les Delgado tombent par-dessus bord. Le Mosasaure contraint le navire à s’échouer, laissant l’équipe sur l’île qui se trouve être celle renfermant le tout premier laboratoire de Jurassic World, où ont été créées des espèces mutantes, hybrides ou difformes n’ayant jamais été révélées à l’humanité jusqu’à aujourd’hui.

Alors qu’ils déchargent le matériel utilisable, l’un des spinosaures tue Nina. Zora les informe qu’elle a fait appel à un hélicoptère de sauvetage pour faire le tour de l’île dans 24 heures. Ils ont donc jusqu’au lendemain soir pour prélever les deux autres échantillons.

L’équipe retrouve sans difficulté un troupeau de Titanosaure et réussit à extraire le deuxième échantillon. Elle s’attaque alors au troisième dinosaure, le Quetzalcoatlus. Comme il s’agit d’un monstre volant carnivore, Loomis décide de prélever l’ADN sur l’œuf, ce qui suppose d’accéder au nid qui est percé dans une paroi vertigineuse. Mais la mère s’attaque aux membres de l’équipe et tue LeClerc.

Pendant ce temps, les Delgado qui ont survécu cherchent à rejoindre un village évoqué plus tôt sur le bateau, en suivant le réseau de tuyaux géothermiques, qui mènent en réalité au laboratoire abandonné d’InGen. Ils rencontrent divers dinosaures, dont un minuscule Aquilops, qu’Isabella adopte et nomme Dolores, un Dilophosaurus se nourrissant d’un cadavre de Parasaurolophus, et surtout un Tyrannosaurus Rex, qui les traque le long d’une rivière.

Enfin, le soir venu, les deux groupes se réunissent au laboratoire abandonné et attendent l’extraction par hélicoptère. Mais ils sont soudain attaqués par une meute d’hybrides raptors/ptérosaures mutants, surnommés « Mutadons ». Martin, dont Teresa a révélé la tentative d’assassinat, vole les échantillons à Zora et tente de s’enfuir seul en jeep vers l’héliport. L’hélicoptère arrive alors qu’Henry allume une fusée éclairante, mais il est détruit par le Distortus Rex. Pendant ce temps, les survivants parviennent à trouver un bateau relié au complexe par une piste souterraine. Le Distortus Rex dévore Martin Krebs, puis se retourne vers les Delgado et l’équipe maintenant très diminuée de Zora. Duncan décide alors de dérouter l’attention du Distortus Rex à l’aide d’une fusée éclairante, ce qui l’invite à donner sa vie pour les survivants. Mais, alors que tout le monde le croit mort, il réussit à retrouver le groupe lors de leur fuite. Depuis le milieu du film, Munis des échantillons, Zora cède à la douce et ferme pression d’Henry qui acceptent de distribuer le nouveau médicament sans brevet, le rendant ainsi accessible à tous.

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