Fast & Furious VIII
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Date de sortie:
22 avril 2017
Durée:
2 heures 16 minutes
Directeur:
F. Gary Gray
Acteurs:
Vin Diesel, Dwayne Johnson, Jason Statham

 

Comment une telle franchise peut-elle ainsi durer ? L’amour des voitures et des courses ne saurait l’expliquer suffisamment. Ni celui d’acteurs fétiches, mais au jeu peu expressif.

Une hypothèse pourrait être la suivante. Astucieusement, les relations entre les personnages ne sont pas structurées à partir du dipôle si classique du film d’action, bon-méchant. Certes, il s’agit souvent aujourd’hui de gentils édulcorés, c’est-à-dire des bad guys hors-la-loi, qui relèvent plus du profil Arsène Lupin. Mais cela conduit seulement à noircir le méchant qui, outre son côté transgresseur, doit nécessairement émarger au sadisme cruel. Ici, les protagonistes se distribuent à partir de trois pôles, selon un schéma mis en place avec bonheur et fécondité par Sergio Leone : le bon, la brute et le truand, injectant donc, entre les deux pôles irremplaçables du bon et du méchant (la brute), une instance ambivalente dans laquelle notre faible nature, non sans complicité, peut plus aisément se projeter.

En l’occurrence, les bons sont sans surprise identifiés à la police qui cherche à arrêter (dans tous les sens du terme !) les truands, sans savoir, au point de départ, qu’ils se trompent de cible – ce qui conduira à de réjouissants retournements. Nous reviendrons sur les méchants. Enfin, le rôle du truand est incarné par le héros la grande gueule et au grand cœur Domenico Torrento (Vin Diesel). Plus précisément, et c’est une autre trouvaille scénaristique, le truand s’élargit à la « famille » Torrento qu’il sait satelliser autour de lui par des gestes emblématiques que j’aurais mauvais goût à bouder (le repas final et la prière initiale). Ajoutons (spoile !) un autre agrandissement inattendu : la venue d’un petit Torrento qui, par sa vulnérabilité, devient partie prenante de l’intrigue.

Or, la complexification des postures entraîne celle des scénarios (au nom de la grande loi métaphysique : l’acte second ou l’opération, ici l’intrigue, suit l’acte premier ou l’être, ici les personnages). Voilà pourquoi la saga Fast & Furious a pu continuer à délasser sans trop lasser. Précisément, ce numéro de série (!) VIII introduit deux renouvellements (si l’on met de côté le décès de l’acteur fétiche, honoré dans le précédent opus, Paul Walker, qui, justement, est un bon devenu truand). La première innovation concerne l’astucieuse redistribution des trois pôles : pour la bonne cause, un bon (The Rock, Dwayne Johnson) et, plus encore, un méchant (Jason Statham) se ralient au clan des truands. Le second déplacement concerne le méchant qui non seulement devient une méchante, mais conjugue – ce qui est la formule la plus infaillible – la beauté froide, l’intelligence supérieure et la manipulation impitoyable, dans la personne emblématique de Charlize Théron qui, décidément, dans sa plasticité mimétique et son intense présence, confirme ses talents d’actrice exceptionnelle.

Pour le reste, à ne goûter que pour se distraire, sachant que le risque de se luxer quelques neurones avoisine la nullité…

 

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