Fargo
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Pays:
Américain
Année:
1996 ; version restaurée en 2016
Durée:
1 heures 37 minutes
Directeur:
Joel et Ethan Coen
Acteurs:
William H. Macy, Steve Buscemi, Harve Presnell et Frances McDormand

 

Fargo, drame et biopic américain de Joel et Ethan Coen, 1996 ; version restaurée en 2016. Prix de la mise en scène au festival de Cannes 1996. Avec William H. Macy, Steve Buscemi, Harve Presnell et Frances McDormand.

Thèmes

Douceur, mollesse, dureté.

 

Fargo met d’abord en scène de vrais durs : les deux malfrats, Carl et Gaear ; leur beau-père, Wade Gustafson, qui ne vaut guère mieux.

Quel est le contraire de dur ? De prime abord, au dur s’oppose le mou. Face aux brigands, l’on trouve deux personnalités « molles » : Jerry Lundegaard et l’ami de Marge. Mais sont-ils si contrastés ? Aristote faisait remarquer que les contraires appartiennent au même genre, autrement dit présentent des points communs. De fait, non sans complaisance dans la violence, les réalisateurs soulignent leur similitude : ils sont tous minables et égoïstes ; surtout, ils sont craintifs et lâches. En effet, le beau-père ne fait rien sans la présence de son collaborateur, Samuel Goodman. Même Grimsrud a failli faire échouer l’enlèvement parce qu’il a été légèrement blessé.

En fait, le véritable contraire de la dureté est la douceur. Elle est symbolisée et vécue par l’attachant personnage de Marge Gunderson. Cette femme douce est toute attention à chacun. On pourrait aisément confondre sa gentillesse bonhomme avec de la mollesse. Mais ce serait oublier toute la force et l’énergie secrète qui l’anime. Marge sait tenir tête à qui ne la respecte pas ; voire, elle affronte la difficulté avec un rare courage, ainsi que l’atteste le combat final.

La relation à la parole autant qu’à la nourriture souligne les différences entre les trois pôles. Les mous mentent, les durs sont aphasiques ou ponctuent leurs phrases de blancs ; en revanche, la suave Marge et ses collègues utilisent les mots de tous les jours, répètent les mêmes phrases. L’alimentation est, chez le dur, un acte solitaire, chez le mou, une occasion de faire la cour, et chez les doux (Marge et Norm), qui trouvent leur joie à prendre leur repas ensemble, une occasion de communion.

Quel est le secret de la douceur de Marge ? L’amour, donné, reçu, échangé. Un plan suffit à le dire, avec l’économie de moyens qui caractérise ces maîtres du septième art que sont les frères Coen. Marge se réveille en pleine nuit. Le bras de son mari émerge, l’enlace, amoureux. Et une voix ensommeillée : « Je vais te faire des œufs. – Mais non, répond-elle, dors ». Tout est là. Les époux s’aiment, se le disent et se le montrent. Un autre plan, soigneusement découpé par le milieu, montre d’un côté la table familiale, de l’autre l’escalier qui conduit à la voiture de police : Marge ne mélangera jamais le rude travail professionnel et la douceur de la vie de famille.

Cette mansuétude provient aussi de cette petite ville de Brainerd, perdue en plein Middle West, aux personnages pudiques que les frères Coen ont cherché à décrire et nous rendre attachants. Onctuosité des noms d’origine scandinave, à la sonorité chuintante (Gustafson, Gunderson). Affabilité de ce bûcheron qui accueille les étrangers et n’utilise, lui, sa hache que pour le travail. Douceur surtout de la neige ouateuse sous laquelle le Minnesota est enfoui, de cette blancheur omniprésente qui apaise, sans étouffer, et, une fois réglé ce crime aussi absurde que sordide, retrouvera son innocence immaculée.

Revenons à notre question : quel est le véritable contraire de la dureté, la mollesse ou la douceur ? La vertu morale, observait le même philosophe grec, est un juste milieu entre deux extrêmes, par excès et par défaut, qui sont des vices. Dureté et mollesse sont donc les deux vices auxquels s’oppose la si désirable vertu de douceur.

Pascal Ide

Jerry Lundegaard (William H. Macy), vendeur de voitures peu doué, imagine de faire enlever sa femme par deux hommes de main, Carl Showalter (Steve Buscemi) et Gaear Grimsrud (Peter Stormare). Ainsi il fera payer une rançon à son beau-père, Wade Gustafson (Harve Presnell), et en récupérera une somme appréciable. Malheureusement, le kidnapping dérape et, surtout, un commissaire de police plein de finesse, une femme d’ailleurs enceinte jusqu’au cou, Marge Gunderson (Frances McDormand), s’attache, suaviter et fortiter, aux basques du minable vendeur de voitures.

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