Engrenages
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Pays:
Français
Thème (s):
Justice, Systémique
Date de sortie:
2005-2020
Durée:
0 heures 52 minutes
Évaluation:
****
Directeur:
Alexandra Clert
Acteurs:
Caroline Proust, Thierry Godard, Audrey Fleurot
Age minimum:
Adolescents et adultes

Engrenages, feuilleton français d’Alexandra Clert, 2005 – 2020. Diffusé sur Canal+. 8 saisons et 86 épisodes d’environ 52 minutes. Avec Caroline Proust, Thierry Godard, Fred Bianconi, Audrey Fleurot, Philippe Duclos, Grégory Fitoussi, Nicolas Briançon.

Thèmes

Justice, systémique.

Pour être plus concret, je me centrerai sur une des saisons de ce feuilleton qui est l’une des meilleures séries françaises actuelles. Si la sixième saison continue à posséder les qualités que les autres saisons, elle se fait plus sombre, non sans complaisance.

 

  1. Les multiples centres d’intérêt de la série tiennent à la qualité de chacun de ses composants-ingrédients : l’exploration de ce qui constitute le concept même de la série, que résume son titre et dont on se souvient qu’elle a été créée par une avocate pénaliste ; l’application de cet appareil juridico-pénal à un micro-monde qui, dans la sixième saison, est celui du 93 (lire « 9-3 ») et ses multiples zones de non-droit ; un scénario qui tisse avec une admirable tresse synchroniquement toujours au moins quatre histoires plus ou moins intriquées et multiplie diachroniquement les rebondissements ; ses personnages attachés et attachants (avec une mention spéciale pour Laure, vulnérable en mère et en amoureuse jusqu’à l’ambivalence).

 

  1. N’idéalisons pas. Chacun des ingrédients souffre de faiblesse. Par exemple, l’explication bâclé du crime initial particulièrement sordide, par le profil du tueur n’est pas à la hauteur de sa malice ; le casting des frères Camara laisse à désirer ; certains rebondissements sont faciles et prévisibles.

 

  1. Surtout, pourquoi cette fascination pour les failles du système qui, en vue d’être réalistes, doivent s’incarner dans les défaillances des protagonistes ? De fait, chacun des personnages principaux chute : même l’intègre Roban ment, même le probe Tintin trompe sa femme avant que son divorce ne soit prononcé. Mais, se dérobant à un minimum de relèvement, la saison cède trop au pessimisme ambiant. L’on objectera que toutes les fautes sont sanctionnées. Mais le pénal n’est pas le moral. La punition de la transgression est juridique et ne s’accompagne pas de la contrition qui atteste sa reconnaissance. C’est ainsi qu’aucun pardon ne vient montrer un sursaut de la conscience morale. Le spectateur s’y attend chez une femme aussi auto-centrée et transgressive-régressive que Joséphine ; mais il s’étonne de ce manque de parole de réconciliation au sein du trio gagnant : ni Laure ni Gilou ne reconnaîtront leurs errements à l’égard de Tintin – qui, tout à l’opposé se refuse héroïquement à la dénonciation vengeresse. Le manque d’émotion exprimée (d’autant plus étonnant que Laure manifeste une belle empathie, pleine de pudeur, à la jeune roumaine) conduit à un manque de catharsis et une interrogation inquiète chez le spectateur : la saison suivante accentuera-t-elle encore la dégringolade ou amorcera-t-elle une remontée éthique ? Plus généralement, la loi ne peut-elle s’exercer efficacement qu’aux marges et en marginalisant ?

Pascal Ide

À travers les personnages d’une capitaine de police, Laure Berthaud (Caroline Proust), chef de groupe à la 2e DPJ, et ses deux coéquipiers, lieutenant Gilles « Gilou » Escoffier (Thierry Godard) et le lieutenant Luc « Tintin » Fromentin (Fred Bianconi), d’un jeune procureur, Pierre Clément (Grégory Fitoussi), d’un juge d’instruction, François Roban (Philippe Duclos) et d’une avocate pénaliste, Joséphine Karlsson (Audrey Fleurot), nous découvrons au plus près la procédure pénale française et la vie au quotidien au palais de justice de Paris.

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