Bienvenue chez les Ch’tis
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Thème (s):
Amour
Date de sortie:
27 février 2008
Durée:
2 heures 46 minutes
Ecrivains:
Amour, création artistique, pardon, sentiment, solidarité, valeurs
Directeur:
Dany Boon
Acteurs:
Kad Merad, Dany Boon, Zoé Félix...

Bienvenue chez les Ch’tis

Bienvenue chez les Ch’tis, film comique français de Dany Boon, 2008. Avec Kad Merad et Dany Boon.

Thème principal

(A définir 😉

Thèmes secondaires

Amour, création artistique, pardon, sentiment, solidarité, valeurs

Le succès du film (le plus vu dans le monde en mars 2008, recordman absolu des salles françaises, devant le Titanic, etc.) est tel qu’écrire sur lui paraît obliger à s’attarder sur les raisons de cette réussite…

Tous les registres – ou presque : je n’ai pas encore vu de lecture religieuse – ont été convoqués. Notamment sociopolitiques et psychologiques. Les Ch’tis sort lorsque le président Nicolas Sarkozy est à la baisse : véritable thérapie euphorisante pour une France menacée par la dépression. Ce n’est pas un hasard si le top 50 cinéma regroupe des films d’amour ou des films comiques. Non sans des variations qui sont significatives des évolutions de la société française. Dans La Grande vadrouille (1966), le deuxième film national au box office français, Bourvil et Funès se situent aux deux extrémités de l’échelle sociale ; dans Les Ch’tis, les deux héros sont des « petits » au caractère faible, voire lâche.  Dans le premier, ils sont affrontés à des hommes (les Allemands), dans le second à des femmes.

Mais méfions-nous d’une analyse trop hexagonale : considérant l’intérêt d’un spectateur difficile entre tous, le teen-ager américain, Will Smith vient d’acheter les droits du film… Une lecture morale – transculturelle – mérite donc l’attention. Deux faits : une adultère de Philippe, prévue dans une des premières versions, n’a pas été intégrée dans le scénario final ; une scène où l’on voit le même Philippe mettre un « bourre-pif » à celui qui l’a fait muter dans le Nord fut coupée. Ni éros ni thanatos (du moins démesurés). L’attention se concentre, certes sur les valeurs : travail, famille, patrie (oups !) – mais plus encore sur les cheminements : du célibat au mariage, du mensonge à la vérité, de la méfiance à l’amour, de la lâcheté au courage, de l’intempérance à la sobriété, etc. Le tout sur fond d’une improbable convergence des sphères professionnelle, amicale et même amoureuse. Surtout, le film montre le dépassement du pire des maux, la division : dans le couple, entre générations, au travail, dans le pays, et même avec la police nationale. Et cette réconciliation s’opère par la force du pardon, implicite (lorsqu’Antoine aide Philippe à se meubler) ou explicite (entre Philippe et Julie).

Aucune de ces explications ne suffit à percer le secret du film. Voire, certaines se contredisent (film de droite – film de gauche, film démago – film ouvert) au point que des critiques suspendent leur jugement pour jauger de haut ceux qui font entrer les Ch’tis dans une grille d’analyse. C’est surtout oublier que le cinéma est le septième art et qu’une œuvre, si imparfaite soit-elle, demeure unique et inexplicable. Cette unicité renvoie à une autre qui pourrait ouvrir à une approche neuve : celle du spectateur. Et si, ami lecteur, vous (re)voyiez le film, certes pour passer un bon moment, mais aussi en étant attentif à ce que vous éprouvez : joie, espoir, agacement, etc. ? Or, un sentiment traduit toujours un besoin, nourri ou frustré. Par exemple, la légère tristesse que certains ont ressenti lorsque Philippe et Julie quittent le Nord peut révéler une sensibilité à l’abandon. Le cinéma est un des lieux du « connais-toi toi-même ». Voire, le registre religieux pourrait ici trouver sa place, non pas objectivement, mais subjectivement, tant le spectateur vibre avec tout ce qu’il est…

 

Cf. Jacques Arènes, « Bienvenue chez les Ch’tis : une géographie du mépris et de l’accueil », Études, n° 4091 (juillet-août 2008), p. 96-98.

Pascal Ide

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