Ainsi soient-ils
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Thème (s):
Eglise
Date de sortie:
2012
Durée:
0 heures 52 minutes
Directeur:
Bruno Nahon, Vincent Poymiro, Rodolphe Tissot, David Elkaïm
Acteurs:
Samuel Jouy, Clément Manuel, Julien Bouanich...

Ainsi soient-ils

Ainsi soient-ils, Série télévisée dramatique française de David ELKAÏM, Bruno NAHON, Vincent POYMIRO et Rodolphe TISSOT. 3 saisons, 2012-2015.

Thème:

Je n’ai pas pris le temps de lire les différentes critiques suscitées par la série. Pour le détail, cf. Allo Ciné ou Wikipédia.

En visionnant les trois saisons, je fus assurément touché par tel ou tel personnage, tel geste par exemple de compassion ou de repentir, etc. Toutefois, mes émotions furent constamment mélangées : entre sympathie et dégoût, entre bienveillance et ironie, entre colère et ennui.

L’interprétation peut-être la plus négative est éthique : les réalisateurs furent fascinés par la face obscure de l’institution et des chrétiens. En effet, même si les images sont en général discrètes, même si le scénario n’en fait pas son unique objet, rien ne nous est épargné des frasques des séminaristes, des supérieurs immédiats, et du Siège de Pierre. Précisément, tout tourne autour des trois concupiscences (cf. 1 Jn 2,16) : l’argent, le sexe et le pouvoir. Mais est-ce l’Église qui est obsédée par elles ou bien le monde qui, de fait, conduit par ces excès, se représente l’Église à son image ?

Une autre interprétation, moins critique, tout en le demeurant, est sociologique. La grille constamment présente est celle, politique, et encore politicienne, des conservateurs (les « tradis ») et des réformateurs. La première est symbolisée par le séminaire rival, représentée par le père Abel, le supérieur, le père Bosco première manière (début de la saison 2), le cardinal Gdanz au Vatican, etc. ; la seconde est symbolisée par le séminaire des Capucins, représentée par la figure emblématique du père Fromenger puis le cardinal Poileaux, etc. Afin de valoriser la seconde, le père Bosco seconde manière emploiera la formule choc qui deviendra comme le leitmotiv central de la série : « l’esprit des Capucins ».

Une interprétation descriptive d’un chrétien et, plus encore, d’un séminariste ou d’un père de séminaire, pourra se contenter d’épingler les multiples invraisemblances (ici, la liste est trop longue) et, pire, les multiples et graves erreurs (de la messe concélébrée où seul le président prononce les paroles de la consécration, jusqu’à un Vatican de légende prenant une commission sur la vente d’un séminaire français, en passant par un supérieur interrogeant sur le for interne et un séminariste, en l’occurrence José, faisant sans état d’âme, un faux-témoignage pour sauver un jeune, etc., etc.).

Mais ces diverses interprétations s’arrêtent à des symptômes. Selon moi, la cause du malaise réside dans l’absence de regard croyant. Les réalisateurs ont porté sur cette réalité étonnante, voire fascinante, pour notre monde, qu’est un séminaire, un regard ni malveillant, ni même curieux – je les pense volontiers intéressé et même amical –, mais simplement extérieur. De fait, des deux scénaristes, Vincent Poymiro se considère comme athée, tout en provenant d’une famille très catholique, et David Elkaïm comme n’étant ni catholique ni croyant. Ils sont donc demeurés à la périphérie. Comme un étranger qui parlerait de la France sans y avoir vécu, et des Français sans les avoir fréquentés ni parler leur langue, mais qui se serait documenté, aurait vu des reportages, etc. Une sorte de guide du Routard du séminaire… Une connaissance touristique, et nécessairement caricaturale. D’où par exemple l’obsession sur le triangle argent-sexe-pouvoir, la compréhension profondément tronquée et déformée de la foi chrétienne, par exemple sur Dieu (qui est ici un Dieu non-trinitaire, ignorant les médiations, sensible), sur la relation de l’Église au monde moderne (qui serait nécessairement dialectique), sur la vocation du séminariste (qui est conçue comme une illumination à la limite de l’hébétude), sur la vie intérieure, c’est-à-dire théologale (l’on voit beaucoup plus d’offices liturgiques que de séminaristes ou de pères prier).

Est-ce à dire que seul celui qui confesse et pratique sa foi peut en parler ? Peut-être serait-il précieux de s’aider d’une classification proposée par Charles Journet. Le grand ecclésiologue suisse se demande : « Comment regarder l’Église ? », et il répond en distinguant trois sortes de regards : celui de la raison scientifique, par exemple, « du statisticien, de l’historien des religions, quand il se borne à faire œuvre descriptive » ; celui de la raison philosophique (de la sagesse philosophique) qui discerne l’unicité, et donc le miracle de l’Église à travers sa continuité et sa fécondité ; enfin, celui de la foi qui seul voit l’Église en son essence : « L’Église apparaît alors dans son mystère, dans sa réalité profonde ». Or, ajoute-t-il, loin d’être exclusif des deux autres, le regard de foi doit les intégrer : « A la lumière de la foi s’explique par surcroît le caractère miraculeux extérieurement constatable de cette société religieuse et s’éclaire le paradoxe vivant qu’elle ne cesse d’être pour l’étonnement du monde » (Théologie de l’Église, Paris, Desclée, 1958, p. 12-13). La série télévisée participe assurément du premier regard, un peu du deuxième et rien du troisième.

Pascal Ide

Septembre 2011, Paris. Cinq jeunes candidats à la prêtrise sont sur le point de changer radicalement de vie. En entrant au Séminaire des Capucins, ils vont apprendre à suivre la voie de Dieu et devenir ses ministres. D’où viennent-ils ? Quelles expériences de joie, de douleurs ont-ils vécu ? Autant de questions qui hantent le Père Fromenger, directeur légendaire du Séminaire, et son dévoué bras droit, le Père Bosco, lorsqu’ils accueillent José, Raphaël, Yann, Guillaume et Emmanuel dans leur nouveau monde.
En partageant leurs espérances, leurs doutes, leurs épreuves quotidiennes, nous découvrons un monde fascinant, mystérieux, l’Eglise, qui nous mènera jusqu’au Vatican et ses coulisses politiques. Une plongée haletante dans un univers secret.

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