8 mm
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Pays:
Germano-américain
Thème (s):
Espérance, Pardon, Vengeance
Date de sortie:
10 mars 1999
Durée:
2 heures 3 minutes
Évaluation:
****
Directeur:
Joel Schumacher
Acteurs:
Nicolas Cage, Joaquin Phoenix, James Gandolfini
Age minimum:
Adultes

8 mm (Eight Millimeter), thriller germano-américain de Joël Schumacher, 1999. Avec Nicolas Cage et Joachim Phoenix.

Thèmes

Vengeance, espérance, pardon.

Décidément un bon film mixe l’aventure extérieure et l’aventure intérieure, le structural et l’historique. Plus encore, il offre une réflexion métaphysique. 8 mm nous offre les trois.

 

En effet, l’aventure intérieure est la perte de l’innocence dont Orson Welles disait que c’est le thème par excellence du cinéma. Thème du mal, thème métaphysique par excellence. Est-ce pour cela que le héros se nomme Tom Welles ?

L’histoire raconte avec une logique implacable (plus qu’impeccable !) une descente aux enfers, selon le sens le plus étymologique du terme. Il passe de ce qui est imaginé à ce qui est vu, de la vente accessible à tous aux pratiques d’arrière-salle et enfin aux très sordides ventes de sous-sol (films de viols collectifs, etc.). Avant d’arriver à l’inouï qu’est le snuff movie

Tom Welles, aussi honnête que discret, est à la limite perfectionniste : toujours tendu, même chez lui, il ne supporte pas l’erreur. Surtout, il vit dans un univers domino, c’est-à-dire manichéen, où le blanc est soigneusement séparé du noir, à l’instar des voitures blanches et noires de sa première filature. Mais, pour résoudre la question posée par cette digne vieille dame, il devra s’engager jusqu’à se compromettre. En effet, le mal n’est pas un problème, mais un mystère, c’est-à-dire un problème qui mord sur ses propres données. Il devra donc payer de sa personne et faire l’épreuve de la violence. Son premier visionnement du film snuff où Mary Anne Powells (Jenny Powells) est assassinée de manière abominable à l’arme blanche, l’impressionnera considérablement. Dès lors, la frontière entre le bien et le mal va le traverser de plus en plus profondément : « Tu as rendez-vous avec le mal », dit son collègue devenu ami, le seul être, sans doute, à rester innocent.

Mais pourquoi Tom poursuit-il son enquête là où on s’attend à ce qu’il décroche ? Ceux qui ont prévu un piétinement de son enquête l’ont jugé à leur mesure, ils ignorent ce qu’est l’amour de la vérité et des personnes. Voire, Tom a-t-il une limite ? Là où Max California s’arrête, lui continue. Peut-être à cause de son exigence. Peut-être plus encore à cause de sa compassion pour celui qui souffre et qui lui a fait choisir cette profession. Tout nous montre sa sensibilité, son sens de l’autre. Comment ne ferait-il pas sienne la cause de cette mère solitaire soudain privée de son enfant ?

La bande-son souligne cette descente au shéol. Les moments de paix sont soulignés par une douce musique classique ; les moments de descente sont rythmés par une musique étrangère étrange ; et les deux styles de musique se mélangent lorsque Tom devient démon, en laissant libre cours à ses pulsions violentes.

 

C’est ici que l’interrogation métaphysique entre en jeu. De deux manières : sous l’angle de la vérité et sous l’angle du mal.

La question n’est rien moins que celle de la vérité : derrière l’interrogation « les snuff movies existent-ils ? », c’est la question de la vérité et de la vérité intérieure qui est posée : « qui peut tourner ces films ? et pourquoi ? » Il va découvrir qu’il n’y a pas de réponse à l’origine du mal, que celle-ci est un mystère. Certes, toutes les secondes mains s’inventent des motivations (l’argent, « l’esthétique »), mais les deux personnages les plus pervers n’ont pas d’autres réponses, pour le milliardaire au nom de famille malheureux, M. Christian, (« parce qu’il a les moyens de se l’offrir »), pour Machine (« Parce que cela me fait plaisir »). Autrement dit, Tom rencontre le mal à l’état presque démoniaque. D’ailleurs, le luciférien producteur ne nourrit-il pas une attirance inversée pour les symboles religieux, à commencer par sa manière de crucifier ses victimes ?

Alors que faire face au mal ? Notre attention se porte, en France, sur le coupable, outre-Atlantique, sur la victime. Mais la psychologie nous a appris que, même si on l’oublie souvent, le témoin du mal ne reste jamais indemne. Tom croyait au début qu’il pouvait danser avec le diable, voire le transformer ; il découvre au terme que le diable l’a entraîné dans sa Méphisto-valse et l’a changé.

Max a trois axiomes. Les deux premiers sont : « 1. Il y a toujours une victime. 2. Ne sois pas cette victime ». Il a oublié le troisième. Ne serait-il pas : « Deviens justicier » ?

En effet, le choix humain est celui de la victime, du bourreau ou du justicier. Tom deviendra justicier, par désir de vérité, mais aussi pour liquider le trop-plein de vengeance qui l’enivre. Cependant, cette position ne saurait apporter un repos intérieur durable. Il lui faut un rédempteur. De la violence qu’il a subie et qu’il vient maintenant d’agir, du mal qui, d’obsédant, angoissant devient maintenant source d’une culpabilité infinie, il n’y a qu’un remède : le pardon. Voilà pourquoi il supplie son épouse : « Sauve-moi. » Leur amour est solide, éprouvé par ce qui a toute l’allure d’une trahison, et pourtant encore debout. Il est vrai que les deux époux vivent une relation de confiance et de communion très profonde. L’amitié passagère mais réelle entre les deux hommes a joué un rôle non négligeable dans l’avancement de l’enquête, mais seul l’amour peut porter le salut. Et celle-ci lui répondra quelques temps plus tard lorsque, recevant la lettre de remerciement de Mme Matthews, ils échangeront un sourire (le premier et seul sourire de Tom dans tout le film), dans le triste temps d’automne.

Bergman disait qu’un film commence avec un visage. Un film s’achève aussi par lui. Ici, le visage de Nick, blessé, qui, croisant le regard de son épouse aimante et aimée, espère et aspire à se relever. Les regards qui nous sauvent sont ceux qui nous espèrent.

Pascal Ide

Marié à Amy (Catherine Keener), Tom Welles (Nicolas Cage) est un détective privé heureux, réputé pour sa droiture et sa rigueur. Il est contacté par Daniel Longdale, l’avocat de Mme Christian (Myra Carter), une veuve très fortunée. Cette dernière a trouvé dans les documents de son défunt mari un mystérieux film 8 mm. Elle pense qu’il s’agit d’un snuff movie mettant en scène le meurtre d’une jeune fille. Bouleversée, elle demande à Welles d’enquêter sur l’authenticité du contenu du film. Aidé de Max California (Joaquin Phoenix), un vendeur dans un sex shop, Tom se lance sur la trace d’un dénommé Machine (Chris Bauer) qui semble être l’auteur du meurtre présenté dans la vidéo.

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