Raison et sentiments
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Pays:
Américano-britannique
Année:
1996
Thème (s):
Amour
Durée:
2 heures 15 minutes
Directeur:
Ang Lee
Acteurs:
Emma Thompson, Kate Winslet, Hugh Grant
Age minimum:
Adolescents et adultes

 

 

Raison et sentiments, comédie dramatique américano-britannique de Ang Lee, 1996. Avec Emma Thompson, Kate Winslet, Hugh Grant.

Thèmes

Amour.

– Deux figures contrastées de l’amour :

L’amour est-il raison ou sentiment ? A sa sœur qui lui demande si elle aime Edward Ferrars (Hugh Grant), Elinor Dashwood (admirable Emma Thompson qui a d’ailleurs signé le scénario) répond sagement, trop sagement : « Je confesse qu’il me plaît », ce qui lui vaut – à juste titre – d’être raillée. A sa mère qui, après le départ du domaine de Norland, lui dit : « Ton cœur doit bien te guider », Elinor, fermée, répond : « Dans une telle situation, ma chère Maman, mieux vaut écouter la raison. » Fille aînée, jouant le rôle d’un père trop tôt décédé, Elinor assume tout. Mais une femme de tête peut-elle laisser parler son cœur ?

Pour la sœur cadette, Marianne, la réponse est exactement opposée. Elinor la décrit avec indulgence : « Marianne juge qu’elle n’a pas à cacher ses sentiments. Elle est un spontanée. » Il suffit à cette grande amatrice de littérature romantique d’un contact (dans tous les sens du terme) de quelques heures où elle se dit sans réserve, pour tomber raide amoureuse. A Elinor qui lui reproche de ne pas prendre le temps, Marianne répond avec humeur à son aînée que celle-ci prend trop de temps.

Mais ces deux conceptions de l’amour sont vouées à l’échec. Elinor a tellement verrouillé son cœur qu’elle choisit son malheur en suivant un devoir qu’elle s’invente, et celui d’Edward qu’elle enferme dans une promesse caduque. Marianne a tellement écarté toute raison qu’elle n’a même pas la lucidité d’interpréter les signes évidents de duplicité de son presque fiancé qui bientôt la trahira.

– Vous avez dit Corneille ou Racine ? Shakespeare…

Est-on voué à choisir entre Elinor et Marianne, entre l’amour cornélien (« ma raison sur mes passions souveraine ») et l’amour racinien (« mes passions sur ma raison souveraines ») ? Ou bien y a-t-il un espoir de réconcilier raison et sentiment dans l’amour ? Peut-être, si l’on consent à changer. C’est le chemin que chacune des deux sœurs, non sans larmes, va accepter de parcourir.

Il faudra une terrible épreuve à Elinor pour qu’elle laisse battre à nouveau son cœur : celle de la possible mort de sa sœur tant aimée. Elle reconnaît alors sa dépendance et sa faiblesse : « Je ne peux pas vivre sans toi. J’ai tout supporté, mais ne me laisse pas seule. » Elle est désormais prête à laisser ses sentiments se dire. Cette femme qui, un jour, s’était retrouvée, seule à ne pas pleurer entre sa mère et ses deux sœurs, cette femme qui a encore maîtrisé tout pleur lorsqu’elle apprend le prétendu mariage d’Edwards, va brusquement laisser s’échapper le torrent, longtemps retenu, d’émotion, de joie et de tristesse mêlées, lorsque, sans bafouiller, Edwards annoncera qu’il n’est pas marié.

De son côté, Marianne devra la guérison de son cœur d’abord à l’indéfectible amitié du colonel Brandon, certes à l’heureuse coïncidence, toujours importante pour un cœur lyrique, qui permettra à son fidèle soupirant de la sauver, dans les mêmes conditions qui lui ont fait rencontrer son amour déçu (sous la pluie), mais surtout, à la libre reconnaissance de la fidélité du même colonel : alors s’ouvriront cœur et lèvres, lui permettant de nommer paisiblement l’endroit où elle vit son amour déçu.

Elinor et Marianne vivent enfin ce que la raison seule ne veut donner et ce que le sentiment seul ne peut offrir. L’amour, avant d’être l’épousaille d’un homme et d’une femme, est, en chacun d’eux, l’harmonieux mariage de Sense and Sensibility, de raison et de sentiment, pour toujours. C’est ce que le chante le sonnet 116 de Shakespeare que la famille Dashwood aimait à apprendre… par cœur :

« A la sainte union de deux fidèles âmes

Je n’admets point d’obstacle : amour n’est pas amour

S’il varie en voyant varier l’autre flamme,

Non plus que, délaissé, s’il délaisse à son tour.. »

Pascal Ide

Au siècle dernier en Angleterre, à la suite du décès de leur père, les soeurs Dashwood et leur mère sont contraintes de réduire drastiquement leur train de vie et de quitter leur propriété pour s’exiler à la campagne. L’aînée, Elinor, renonce à un amour qui semble pourtant partagé, tandis que sa cadette, Marianne, s’amourache du séduisant Willoughby. Si la première cache ses peines de coeur, la seconde vit bruyamment son bonheur. Jusqu’au jour où Willoughby disparaît.

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