Une ouverture en forme de fermeture ?

Parlons émotion, puisque c’est aujourd’hui le premier critère d’un événement réussi (ou manqué). Après les quatre heures de la cérémonie d’ouverture (télévisée, c’est-à-dire vue de loin), je me sentais mélangé : d’un côté, triste et même honteux ; de l’autre, consolé.

 

Triste et honteux pour notre pays. Honte du détournement transgressif et, pire, justifié, de l’apolitisme du sport en général et des Jeux Olympiques en particulier (on comprend dès lors que le secret longuement entretenu ne fut pas dicté par le seul souci de l’effet de surprise). Vergogne de cette caricature de la Sainte Cène qui dissimule sa haine derrière un prétendu droit au blasphème.  Chagrin de ce que l’hommage à Notre-Dame soit relu à partir du concept jungien si immanent de « synchronicité », alors que la cathédrale fut édifiée pour rendre grâce à Celui qui, infiniment plus que Paris, n’est que « Lumière » (1 Jn 1,5) et « Amour » (1 Jn 4,8.16). Tristesse de ce que l’obsession d’inclusion maximale qui a dicté le choix des douze tableaux se traduise par une exclusion elle aussi maximale d’un spectacle que la journaliste de France 2 décrivait avec passion comme « anticlérical », « antipatriarcal », « anticapitaliste », et j’en passe. Au fait, parmi les figures françaises de la sororité, j’en connais une qui est probablement la plus connue dans le monde et qui, dans son désir actif d’intégrer tous les hommes dans le bonheur du salut, fut probablement la plus inclusive : la « petite » Thérèse – ne serait-ce que pour Alain Mimoun !

 

Pourtant, une partie de moi était aussi paisible et consolée. Effet first sight (selon lequel la première impression décide des impressions suivantes) et ce que l’on pourrait appeler l’effet last sight (le biais cognitif optimiste qui, tout au contraire, survalorise le dernier événement) aidant, une autre émotion n’effaçait pas les premières, mais les équilibrait.

En effet, de manière étonnante, l’acteur qui a ouvert la cérémonie et qui est connu pour ne pas nourrir une grande sympathie à l’égard du christianisme, a prononcé « le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2,9) en croisant celui qui va longuement porter la flamme olympique, Zinedine Zidane : « Jésus-Christ ». Mais, de manière encore plus stupéfiante, la célébration s’est achevée par le nom même qui clôt la chanson, merveilleusement interprétée par Céline Dion, de la môme Piaf dont on sait combien elle était croyante, « L’hymne à l’amour » : « Dieu », le Dieu qui « réunit ceux qui s’aiment »…

 

L’évangile de ce jour nous invite à ne pas arracher l’ivraie de crainte de jeter le bon grain. Sans ingénuité ni déni, mais sans amertume ni désespérance, sachons opérer ce discernement qui seul nous permet de suivre avec attention le don des vrais artistes de ces Jeux : les athlètes.

Pascal Ide

27.7.2024
 

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